Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris vient de proposer la première exposition institutionnelle en France de Mohamed Bourouissa. Reconnu internationalement, l’artiste franco-algérien montre la reconquête de l’espace américain dans le point le plus important de l’exposition « Horse Day », lors d’un exercice de « tuning » dans la région de Philadelphie.
L’exposition ne se veut pas une rétrospective mais une plongée dans une œuvre (« Horse Day »). Elle est décortiquée. Après les banlieues françaises, l’artiste interroge d’autres marges à travers les chevaux et leurs mises en scène. Certes, la force visuelle n’est pas toujours au rendez-vous et ses mises en scène ne sont pas toujours convaincantes. L’aquarelle au jus de crottin pour montrer l’hybridation » de la matière reste discutable. A l’inverse, les carrosseries sont impressionnantes et le film est totalement réussi dans la mesure où il tord les stéréotypes où des Africains-Américains remplacent les cow-boys originaux.
L’ensemble reste donc d’un intérêt non négligeable mais mitigé. Rejouer une parade populaire en matériaux recyclés et pauvres est astucieux mais visuellement pas toujours réussi. A l’inverse du jeu cavalier noir / cavalier blanc plus pertinent par l’histoire qui est révélée. La force plastique est au service d’une révélation entre utopie et ratage créé à dessein.
La société est revisitée dans un système souvent astucieux entre autres dans le jeu entre deux écrans qui à la fois se répondent et se contredisent.
jean-paul gavard-perret
Mohamed Bourouissa, Urban Riders, exposition, Musée d’art moderne de la ville de Paris, mai 2018.