Sylvain Runberg & Miki Montlló, Warship Jolly Roger – t.4 : “Dernières volontés”

Un beau space opera

Sylvain Run­berg sait créer des uni­vers futu­ristes pas­sion­nants tout en pri­vi­lé­giant action et équi­pée. Avec cette série, qui touche à sa fin, il renoue de belle manière avec le space opera, l’aventure spa­tiale. Mais, au-delà des com­bats et de la volonté de ven­geance d’un père ayant perdu son fils, il déve­loppe nombre de thèmes huma­nistes et pointe des maux bien réels de notre société tout en s’appuyant sur des situa­tions et des évé­ne­ments actuels ou très récents. Le mariage de ce pré­sident fri­meur avec une actrice n’est pas sans rap­pe­ler celui d’un petit pré­sident came­lot avec une chan­teuse. La cam­pagne contre une femme à l’égo déme­suré évoque une poli­ti­cienne avide d’avantages, d’honneurs et camou­flant sa réelle per­son­na­lité sous des dehors sim­plistes. Un ex-conseiller qui se pré­sente face à son patron est un élé­ment très pré­sent de l’actualité.

Sur la pla­nète pré­si­den­tielle, Vex­ton, le pré­sident sor­tant, débat avec Rebecca Veri, son ex-conseillère à la veille des élec­tions pro­chaines.
Dans le Jolly Roger, Jon Tibe­rius Munro rap­pelle le plan accepté à la majo­rité, à savoir que le vais­seau piloté par des huma­tro­nics s’invite en plein mariage pré­si­den­tiel sur le satel­lite spé­cia­le­ment construit pour la céré­mo­nie. Les pas­sa­gers vont s’éjecter dans leur navette avant que le vais­seau active ses bou­cliers de pro­tec­tion et détruise le satel­lite.
Paral­lè­le­ment, les auto­no­mistes lancent des offen­sives éclair sur sept pla­nètes confé­dé­rées, visant uni­que­ment des objec­tifs de police et mili­taires. L’objectif est de semer la panique dans la Confé­dé­ra­tion avant l’attaque de la pla­nète pré­si­den­tielle. Mais, sur le war­ship, le plan ne fait pas l’unanimité. Kowalski ne se ral­lie à la majo­rité qu’à contre-cœur et les Toua­ref, le couple de scien­ti­fiques, veut retrou­ver sa liberté. Ils ont effec­tué leur mis­sion et res­tent indif­fé­rents à la ven­geance de Munro. Face au refus de l’ex-général, les deux scien­ti­fiques pensent trou­ver un allié poten­tiel, en la per­sonne de Treize, pour leur fuite.
Du côté de Rebecca qui a de très bons son­dages, le sou­tien du géné­ral est vacillant. Celui-ci se rend compte que la pro­messe de la jeune femme quant à une amnis­tie de Munro passe à un plan très secon­daire. Elle espère que le fuyard ne se lais­sera pas prendre vivant, réglant ainsi la question…

L’auteur met en scène une gale­rie de per­son­nages fort bien cam­pés, tous bien étu­diés pour leur rôle tant pour ceux à ran­ger dans le camp des « bons » que pour ceux qui assurent le rôle de « méchant ». Le scé­na­riste donne un récit dyna­mique, aux rebon­dis­se­ments variés et mul­tiples. Il met en œuvre un ensemble d’actions dra­ma­tiques avec des retour­ne­ments d’alliances et révèle le vrai visage des pro­ta­go­nistes. Il offre ainsi une belle gamme des sen­ti­ments, émo­tions et moti­va­tions du genre humain.
Miki Montlló assure un gra­phisme dyna­mique, pro­po­sant des vues de l’espace de toute beauté, des pages bien rem­plies aux détails per­ti­nents, osant des cadrages et des angles de vue appro­priés et har­dis. Les cou­leurs pré­pa­rées par Yuri She­pherd et fina­li­sées par Montlló par­ti­cipent de manière effi­cace à la toni­cité du scénario.

Avec Waship Jolly Roger, Syl­vain Run­berg pro­pose un beau space opera, sti­mu­lant, éner­gique, de belle fac­ture, ser­vit par un gra­phisme de qualité.

serge per­raud

Syl­vain Run­berg (scé­na­rio), Miki Montlló (des­sin et cou­leurs) & Yuri She­pherd (cou­leurs), War­ship Jolly Roger – t.4 : Der­nières volon­tés, Dar­gaud, avril 2018, 56 p. – 13,99 €.

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