Michaele Andrea Schatt poursuit son travail, entre autres avec la surrection de couleurs de plus en plus vives et de céramiques de plus en plus drôles pour métamorphoser le réel. Les frontières des frustrations reculent dans un carnaval hétéroclite. Jaillit une théâtralité jouissive par une puissance d’élargissement et d’étirement du monde en dehors de la fonctionnalité des objets. L’imaginaire vagabonde et soudain la raison ploie sous des manteaux de vision.
L’artiste cultive une arrogance poétique qui devient une victoire de la vie hors de ses gonds. Le réel n’est plus cadenassé, l’artiste y fait naître des vérités d’incorporation originale plus que d’appartenance.
Dans sa pugnacité et chaussée de semelles de vent, l’artiste introduit de la vanité dans les vanités avec un sens de l’absurdité joyeuse de la réalité à reconsidérer. Le soupçon habite le monde mais en même temps l’artiste en transforme l’évidence donnée et acquise de manière faussement naïve et surtout insolente.
Le présent s’étire en baillant. C’est l’heure où les ponts sont coupés. L’image devient l’étrangère altière : l’heure a sonné d’ouvrir des passages « obligés ». Le réel s’y fait la belle : l’imaginaire le bouscule en troublant ses apparences.
jean-paul gavard-perret
Michaele Andrea Schatt, Expérience de la couleur, cité de la céramique, Sèvres, jusqu’au 2 avril 2018.