Patrick Brion, John Huston

Après Clint East­wood, Hit­ch­cock et John Ford, Patrick Brion s’attaque à un nou­veau géant du cinéma amé­ri­cain en la per­sonne de John Hus­ton (1906–1987)

Fidèle au prin­cipe déjà mis en oeuvre dans les trois autres ouvrages pré­ci­tés il s’agit ici tout à la fois d’une bio­gra­phie, d’une fil­mo­gra­phie illus­trée et d’une ana­lyse cri­tique des films du réa­li­sa­teur. Autant dire qu’avec le soin habi­tuel apporté par les édi­tions de La Mar­ti­nière aux Beaux Livres de ce genre, ce John Hus­ton comble à la fois l’amateur éclairé et le néo­phyte curieux. Cha­cun des films de Hus­ton, en tant que réa­li­sa­teur ou que comé­dien, est donc illus­tré de plu­sieurs pages de repro­duc­tions pho­to­gra­phiques de très belle qua­lité, cou­leurs ou noir et blanc (excepté The Afri­can Queen dont les images cou­leurs pré­sentent un fort mau­vais grain…), qui ne donnent qu’une envie, des plus recom­man­dables : plon­ger dere­chef dans ces œuvres somp­tueuses que sont, entre autres, The Mal­tese Fau­con (1941, “Le fau­con mal­tais”), In This Our life (1942), The Trea­sure of the Sierra Madre (1948, “Le tré­sor de la sierra Madre”), Key Largo (1948), The Asphalt jungle (1950, “Quand la ville dort”), The Afri­can Queen (1952, “La reine afri­caine”), The Unfor­gi­ven (1960, “Le vent de la plaine”), The Mis­fits (1961, “Les désaxés”), The night of the Iguana (1964, “La nuit de l’iguane”), Reflec­tions in a gol­den eye (1967, “Reflets dans un oeil d’or”) et Under the Vol­cano (1984, “Au-dessous du volcan”).

Solide irlan­dais, Hus­ton, le fils du comé­dien Wal­ter Hus­ton (et le père d’Angelica Hus­ton, cèlèbre actrice), fit tous les métiers du monde dans sa jeu­nesse, s’adonnant prin­ci­pa­le­ment à la cava­le­rie mexi­caine, la pein­ture et la boxe avant de se tour­ner vers l’écriture scé­na­ris­tique. Brion offre d’ailleurs au lec­teur dans l’imposante bio­gra­phie de140 pages une nou­velle inédite, The fool (Le fou) très révé­la­trice de l’univers de Hut­son, lequel tra­versa de mul­tiples genres ciné­ma­to­gra­phiques — le film noir hol­ly­woo­dien, le wes­tern, le film de guerre, le film d’aventure… — tout en adap­tant au cinéma des auteurs lit­té­raires jugés jusqu’ici très dif­fi­ciles. De manière assez para­doxale pour­tant, celui qui fit tour­ner les plus grandes stars de l’époque — Hum­prhey Bogart, Mary­lin Mon­roe, Clark Gable, Robert Mit­chum, Mont­go­mery Clift pour ne citer qu’elles — com­mit une tren­taine de films en tant que comé­dien où il occupa, volon­tai­re­ment semble-t-il, de piètres rôles des­ti­nés à ali­men­ter son train de vie de col­lec­tion­neur de toiles répu­tées et, fût un temps, de châ­te­lain dispendieux.

Esprit libre et aven­tu­reux, John Hus­ton voya­gea beau­coup, se maria cinq fois, devint l’un des cinéastes et scé­na­ristes les plus cou­rus d’Hollywood. Il délaissa cepen­dant cer­tains de ses films, par­tant “mas­sa­crés” au mon­tage dixit Brion, happé qu’il était par une insa­tiable volonté de tour­ner autre chose, encore et encore, ce qui contri­bua à lui consti­tuer une car­rière “inégale” mais farou­che­ment indé­pen­dante des stu­dios. Exhaus­tif parce qu’il pré­sente ici de manière uni­fiée et chro­no­lo­gique l’ensemble des fils de l’écheveau hus­to­nien, ce livre de Patrick Brion, qui n’est pas un essai théo­ré­tique sur mais une invi­ta­tion à, est (un) indis­pen­sable pour qui sou­haite péné­trer dans l’univers de John Huston.

fre­de­ric grolleau

Patrick Brion, John Hus­ton, La Mar­ti­nière, 2003, 575 p. — 45,00 €. 

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Filed under Beaux livres, DVD / Cinéma

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