Hélène Peytavi & Jean-Gabriel Cosculluela, Partita

Contre-chant en écho à Partita

Le poète et la peintre : cha­cun pos­sède son ombre ou est pos­sédé par elle. Cha­cun pos­sède sa lumière. On peut les tou­cher puisque le livre en devient la paroi. A main levée, à bouche cou­sue se dres­sant (car le livre tient debout). Il reste des arti­cu­la­tions inédites de l’informe là où les lignes conduisent vers un centre der­rière une pro­ces­sion de four­mille­ments. Cher­cher. Retrou­ver non ce qu’on attend mais des taches bleues dans le blanc.
Sans doute est-ce l’hiver. Le blanc concentre tout, la sai­son donne consis­tance aux racines. « Quelqu’un est là sans être là, qui ne doit pas sa proxi­mité à l’évocation » : il la doit à l’épaississement méti­cu­leux et dis­cret des lacunes des mots et des taches.

Chaque ligne est un jeu de lumière et d’ombre. Espé­rer voir dedans. Ou à tra­vers. Et à défaut : tenir encore, tenir par l’image qui macule le néant… Même avec le temps, les lignes ne changent pas de cou­leur. Et le bleu les emporte vers le ciel. Pour­tant, elles semblent des gisantes, elles s’étendent. La voix peu à peu se couvre, le silence s’en empare. Elles demeurent garantes de ce qui ne peut se dire. Même avec le temps ou en dépit de lui.
Peindre : ten­ter d’entrouvrir l’eau, le ciel. Ten­ter de voir ce qui est enfermé dans le blanc, dans le bleu. Ecrire : essayer de com­prendre et s’efforcer de voir ce qu’il y a au fond. Face à face.

Partita devient un mur. : l’écriture est dres­sée, les taches montent au ciel. Façade. Ger­mi­na­tions proches de la dis­pa­ri­tion Mais l’ensemencement a lieu. Tout compte fait, seul l’air est pal­pable. C’est le silence qu’on espère comme on appelle le vent pour débar­ras­ser la tête des sou­ve­nirs insom­niaques.
Ouvrir encore ouvrir.

lire notre entre­tien avec l’auteur 

jean-paul gavard-perret

Hélène Pey­tavi & Jean-Gabriel Cos­cul­luela, Par­tita, Edi­tions Voix, 2018.

2 Comments

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Poésie

2 Responses to Hélène Peytavi & Jean-Gabriel Cosculluela, Partita

  1. Richard

    Par­tita devient un mur. : l’écriture est dres­sée, les taches montent au ciel .
    Jean-Paul c’est exac­te­ment le pro­jet que je me donne comme pers­pec­tive pour les pro­chains de la col­lec­tion — face à main — un livre tenu debout que l’on tient devant ses yeux avec un éloi­gne­ment de l’image — en haut et une base de texte/terre en bas. Pour ce pre­mier livre les textes sont en esca­lier et la pagi­na­tion est le défilé ds jours du calen­drier. Merci encore et tou­jours. As-tu le livre ? que je peux t’envoyer avec le petit livre qui inau­gu­rait les ren­contres du des­sins de mon­tagne / visé le Canigo cette mon­tagne “sacrée” des catalans !!!

  2. peytavi

    Bien vu!

    C’est exac­te­ment ça, livre dressé (au for­mat allongé) et au fil des pages dis­pa­ri­tion pro­gres­sive vers le blanc ! C’est tout l’art de Richard Meier qui a inventé avec nos bou­lots une nou­velle collection.

    Longue vie à la col­lec­tion — face à main — !

    Avec Jean Gabriel Cos­cul­luela nous avons tra­vaillé en aveugle, sans cher­cher à s’illustrer l’un l’autre. Le tout très sti­mu­lant. Merci pour votre regard si juste et vos mots qui donnent envie.

    Bien à vous

    Hélène

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