Contre-chant en écho à Partita
Le poète et la peintre : chacun possède son ombre ou est possédé par elle. Chacun possède sa lumière. On peut les toucher puisque le livre en devient la paroi. A main levée, à bouche cousue se dressant (car le livre tient debout). Il reste des articulations inédites de l’informe là où les lignes conduisent vers un centre derrière une procession de fourmillements. Chercher. Retrouver non ce qu’on attend mais des taches bleues dans le blanc.
Sans doute est-ce l’hiver. Le blanc concentre tout, la saison donne consistance aux racines. « Quelqu’un est là sans être là, qui ne doit pas sa proximité à l’évocation » : il la doit à l’épaississement méticuleux et discret des lacunes des mots et des taches.
Chaque ligne est un jeu de lumière et d’ombre. Espérer voir dedans. Ou à travers. Et à défaut : tenir encore, tenir par l’image qui macule le néant… Même avec le temps, les lignes ne changent pas de couleur. Et le bleu les emporte vers le ciel. Pourtant, elles semblent des gisantes, elles s’étendent. La voix peu à peu se couvre, le silence s’en empare. Elles demeurent garantes de ce qui ne peut se dire. Même avec le temps ou en dépit de lui.
Peindre : tenter d’entrouvrir l’eau, le ciel. Tenter de voir ce qui est enfermé dans le blanc, dans le bleu. Ecrire : essayer de comprendre et s’efforcer de voir ce qu’il y a au fond. Face à face.
Partita devient un mur. : l’écriture est dressée, les taches montent au ciel. Façade. Germinations proches de la disparition Mais l’ensemencement a lieu. Tout compte fait, seul l’air est palpable. C’est le silence qu’on espère comme on appelle le vent pour débarrasser la tête des souvenirs insomniaques.
Ouvrir encore ouvrir.
lire notre entretien avec l’auteur
jean-paul gavard-perret
Hélène Peytavi & Jean-Gabriel Cosculluela, Partita, Editions Voix, 2018.
Partita devient un mur. : l’écriture est dressée, les taches montent au ciel .
Jean-Paul c’est exactement le projet que je me donne comme perspective pour les prochains de la collection — face à main — un livre tenu debout que l’on tient devant ses yeux avec un éloignement de l’image — en haut et une base de texte/terre en bas. Pour ce premier livre les textes sont en escalier et la pagination est le défilé ds jours du calendrier. Merci encore et toujours. As-tu le livre ? que je peux t’envoyer avec le petit livre qui inaugurait les rencontres du dessins de montagne / visé le Canigo cette montagne “sacrée” des catalans !!!
Bien vu!
C’est exactement ça, livre dressé (au format allongé) et au fil des pages disparition progressive vers le blanc ! C’est tout l’art de Richard Meier qui a inventé avec nos boulots une nouvelle collection.
Longue vie à la collection — face à main — !
Avec Jean Gabriel Cosculluela nous avons travaillé en aveugle, sans chercher à s’illustrer l’un l’autre. Le tout très stimulant. Merci pour votre regard si juste et vos mots qui donnent envie.
Bien à vous
Hélène