Théoricien de l’art et peintre, Kriss Vitti sait lutter contre les Bouvard et Pécuchet de l’art et tous les Trissotin qui méprisent – par exemple – les petites écoles d’art plus efficientes qu’il n’y paraît et dont la concurrence est de plus en plus rude pour les artistes qui viennent y enseigner. Il se bat contre les discours condescendants étayés par aucun argument sérieux quoique parfois relayés sur France culture dont les journaliste deviennent « les idiots utiles du populisme ». Très influencé par la culture italienne classique comme le cinéma du pays, il défend l’art qui sort des formules reconnues et à la mode. Kriss Vitti est l’exemple parfait de l’esprit libre et sans poses et d’un créateur qui par l’abstraction revient via Giotto vers un nouveau départ à zéro.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Je me lève très tôt.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
L’enfance a été délicate.
A quoi avez-vous renoncé ?
De vraies études.
D’où venez-vous ?
Peut-être d’Italie.
Qu’avez-vous reçu en dote ?
Un questionnement presque permanent.
Un petit plaisir quotidien — ou non ?
Le café.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
L’art aujourd’hui passe par l’enseignement dans les écoles d’art, et la pratique de l’art s’en ressent. Je me suis orienté vers la philosophie et la pensée antique… mais outre l’antique, c’est la rupture qu’on observe dans les premières avant-gardes et dont on trouve les traces au 17° siècle qui m’occupe.
Comment définiriez-vous votre approche de l’abstraction ?
L’abstraction, c’était un premier élan mais qui a été contrebattu par un penchant expressionniste et figuratif… c’est très tard que j’ai pris le parti d’opter pour une peinture qui part de presque rien.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Peut-être ce désert qu’Antonioni cherche à filmer… le désert, c’est la grande image qui me retient et à l’image de ce père disparu quand j’étais enfant.
Et votre première lecture ? Kafka très certainement. J’ai lu « Le château » en une nuit, et j’en ai gardé un souvenir très profond.
Quelle musique écoutez-vous ?
Je n’en écoute presque plus après avoir tout écouté… mais la musique baroque en tête.
Que livre aimez-vous relire ?
Ces dernières années, j’ai pas mal lu et relu l’appel et la réponse de Jean-Louis Chrétien.
Quel film vous fait pleurer ?
J’ai beaucoup pleuré le long du lac Léman en Suisse, là où habite Godart… il y a 2 ou 3 images dans « Le mépris ». Il y a « Barry Lindon » bien sûr, de Kubrick.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
L’image d’un père et d’une mère font que vous pouvez vous regarder avec ou sans difficulté dans une glace… la glace qui peut être une simple vitre a fait l’objet du tout premier travail que j’ai pu faire, et qui rejoignait l’art.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Sans doute à la deuxième juge d’instruction à qui j’ai eu à faire et à qui j’en veux terriblement.
Quel lieu a valeur de mythe pour vous ?
Trieste.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Antonioni.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Les cadeaux tombent si souvent à côté…
Que défendez-vous ?
Trop grosse question.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Oui, l’amour qui s’appelle aussi désir, n’est pas en ma possession… il n’est inscrit en aucune mémoire… et il est dans toutes les mémoires.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
La mémoire défaille face à une telle question, celle de l’amour.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Si Maria Valtorta a quelque validité pour parler du Christ (bon, je la lis en ce moment).
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 23 décembre 2017.
Entre Antonioni , Monica Vitti et Kriss Vitti l’alchimie est réussie . Mais laissons le Désert Rouge à la nostalgie pour apprécier JPGP et ses idées . La peinture flirt avec Sonia Delaunay et c’est ” très parfait ” !