Sous une couverture assez ratée (elle ne renvoie pas clairement au propos de l’album), Blutch s’attaque à son panthéon en révisant des planches de Tintin, Lucky Luke, Barbarella, les Pieds Nickelés, Prince Vaillant, Blake & Mortimer etc. Comme le titre l’indique, il crée des variations subtiles entre l’hier et l’aujourd’hui.
Refusant de suivre un personnage d’albums en albums, Blutch a toujours préféré des romans graphiques indépendants. C’est pourquoi ce livre n’est pas une simple récréation mais une manière de se moquer intelligemment des auteurs qui cultivent un héros majeur.
Le livre s’adresse bien sûr aux spécialistes de le BD. et aux amateurs ou mateurs éclairés. Il tient du remake et de l’inversion . De telles variations sont des chefs-d’œuvre profondément réfléchis où l’artiste tire à lui par son art celui d’Uderzo, Jacobs, Morris, Franquin, Jacobs, Manara, Graton, Lauzier, Pétillon etc.., bref ceux d’une époque où les femmes ont la portion congrue tant aux références « papier » qu’aux créatrices (Barbarella et Brétecher font exception à la règle).
Néanmoins, l’ensemble est remarquable. Ce que l’auteur redessine (Jerry Spring par exemple) prend un autre regard par un trait précis, affirmé et qui donne une unicité aux multiplicités disparates des sources. Il y a là une sorte de musée de l’imaginaire de l’artiste en grand format (ce qui permet d’apprécier toute la qualité du style).
jean-paul gavard-perret
Blutch, Variations, Dargaud, Paris, 2017, 64 p.