David Khara, La trilogie Bleiberg

Une tri­lo­gie d’enfer 

Cette tri­lo­gie se com­pose du Pro­jet Blei­berg, du Pro­jet Shiro et du Pro­jet Mor­gen­stein, parus aux Édi­tions Cri­tic entre 2010 et 2013. Blei­berg est le nom d’un scien­ti­fique qui s’est fait fort, auprès d’Himmler, de lui fabri­quer des Über­mensch, des sur­hommes dont le Reich a grand besoin.
Jérémy vit mal depuis six mois, depuis ce drame quand, vou­lant fêter le mil­liard de dol­lars qu’il a fait gagner à sa boîte, il part en virée et tue une gamine de quatre mois. Aussi peste-t-il quand la son­nette le réveille. Deux mili­taires lui pré­sentent les condo­léances du gou­ver­ne­ment, lui remettent un dra­peau et les déco­ra­tions de son père, le lieutenant-général Daniel J. Cor­bin. La nou­velle réjouit Jérémy car, il y a vingt-cinq ans, Cor­bin les aban­don­nait sa mère et lui. Il annonce la nou­velle à son men­tor, Ber­nard Dean, qui est éga­le­ment son patron en allant voir sa mère. Celle-ci n’exulte pas. Elle lui remet un pen­den­tif en lui disant qu’il est grand temps qu’il sache… qu’il com­pren­dra plus tard. Jérémy se retrouve au cœur d’une affaire qui le dépasse et sa vie bas­cule quand il se retrouve enca­dré par Jacky Walls, une agente de la CIA et Eytan Morg, un agent du Mos­sad char­gés de le protéger.

Le Pro­jet Shiro débute en 1957 dans un centre de recherches bac­té­rio­lo­giques de l’armée. Jane Woo­drige y mène des expé­riences dan­ge­reuses. Une nuit l’alarme reten­tit.
En Répu­blique Tchèque, de nos jours, Bra­nis­lay Poborsky se rend chez ses parents pour fuir des pro­blèmes conju­gaux. Sur la route, il est arrêté par des poli­ciers qui lui ordonnent de rebrous­ser che­min. Son ins­tinct de jour­na­liste le pousse à contour­ner l’interdit. Depuis un point d’observation, rejoint à grand-peine, il voit les rues du vil­lage jon­chées de cadavres. Sur­pris, il va être tué lorsqu’un géant vient à son secours. C’est Eytan Morg qui lui confisque son appa­reil photo, un Eytan qui devra faire équipe avec sa pire enne­mie, Elena.

Le pro­jet Mor­gens­tern, à la fois pré­quel et conclu­sion du cycle, met en scène en 1942, un enfant lancé dans une course éper­due. Une folle colère l’anime pour s’abattre sur les res­pon­sables de tant de souf­frances. Recueilli par un groupe de résis­tants, il fait montre de com­pé­tences excep­tion­nelles au com­bat.
Aux USA, de nos jours, Jérémy et Jacky mènent une vie tran­quille en com­pa­gnie de leur petite fille. Mais ils se retrouvent mena­cés. Elle doit échap­per à une explo­sion et à une attaque en règle et lui à l’agression de celui qu’il consi­dé­rait comme un ami…

La tri­lo­gie s’appuie sur le per­son­nage d’Eytan, un agent israé­lien. Celui-ci traque les cri­mi­nels nazis depuis des décen­nies, mais le temps accom­plit son tra­vail. La décou­verte du Consor­tium, et son impli­ca­tion dans l’arrivée au pou­voir d’Hitler l’incite à se consa­crer à son déman­tè­le­ment. Autour cet axe cen­tral gra­vitent Jérémy, Jacky. Le pre­mier est un superbe anti-héros, la seconde est pas­sée par la for­ma­tion de la CIA. Dans le camp adverse, Elena, l’âme dam­née du Consor­tium, tra­verse les romans en fai­sant preuve d’une résis­tance peu com­mune. Cette orga­ni­sa­tion tire de sombres ficelles dans l’ombre, pous­sant des dic­ta­teurs sur le devant de la scène, pour­sui­vant le but de se rendre maître de la pla­nète entière par des moyens cri­mi­nels.
Conju­guant la Grande His­toire et une fic­tion emprun­tant à des évé­ne­ments réels, le roman­cier tisse une intrigue solide, cap­ti­vante, enchaî­nant avec maî­trise des péri­pé­ties tré­pi­dantes. Il use de fla­sh­backs per­ti­nents pour rap­pro­cher des situa­tions et expli­quer par des faits anciens, une réa­lité d’aujourd’hui. Il faut pas­ser outre quelques faci­li­tés roma­nesques tant les péri­pé­ties sont variées et leur rythme soutenu.

Avec La tri­lo­gie Blei­berg, David Khara pro­pose un cycle de thril­lers emprun­tant à l’espionnage, à l’aventure, à l’anticipation et à la pros­pec­tive, mêlant com­plots poli­tiques, résur­gences cri­mi­nelles, dérives de la science, avec une gale­rie de per­son­nages dif­fi­cile à oublier. Un récit qui se lit d’une traite. Un seul regret, cette tri­lo­gie se ter­mine trop vite !

serge per­raud

David Khara, La tri­lo­gie Blei­berg, J’Ai Lu, coll. “Semi-poche”, octobre 2017, 992 p. – 15,00 €.

1 Comment

Filed under Chapeau bas, Pôle noir / Thriller

One Response to David Khara, La trilogie Bleiberg

  1. Pingback: Concours 7 ans | Session 1 - Les pipelettes en parlent...

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>