La Bibliothèque des Classiques : 2 achetés, le 3ème offert
Voici de petits bijoux ! Dans un format compact (11 centimètres sur 16), dorés sur les trois tranches, avec une couverture en tissu puce, un signet assorti et une vraie reliure, des contres-plats en papier relieur, une élégante jaquette ornée de la reproduction en médaillon d’une peinture célèbre, la collection « La Bibliothèque des Classiques » propose, sous un format compact et dans une élégante police imprimée sur un papier fin mais opaque, une soixantaine de titres qui sont autant de grands classiques de la littérature et que tout honnête homme se doit de compter dans sa bibliothèque. Les deux rabats intérieurs de la jaquette comportent pour le premier, un résumé succinct de l’ouvrage, pour l’autre, une vive biographie de l’auteur.
Gervaise Macquart a bien du mérite. Montée à Paris, la jolie blanchisseuse provençale est bientôt délaissée par son amant, Auguste Lantier, un oisif qui lui préfère une autre femme… Mère de deux enfants, la voilà contrainte de travailler et d’épouser Coupeau, un ouvrier zingueur qui lui a déclaré sa flamme à L’Assommoir, le cabaret du père Colombe. Le couple habite la Goutte-d’Or, travaille laborieusement et épargne chaque sou pour accomplir le rêve de Gervaise : ouvrir sa propre boutique, employer des ouvrières et mener une vie d’aise. Mais un jour, Coupeau tombe d’un toit et se casse une jambe. C’est le début de la déchéance. Coupeau, rejoint par Lantier, noie son malheur dans l’alcool. Et les économies s’amenuisent…
L’immense succès de L’Assommoir tient en partie au scandale qu’il suscita. Jamais encore « le peuple », avec ses vices et ses vertus, sa grandeur et ses misères, ses mœurs et son langage, n’avait été le héros d’un roman d’une telle ampleur, suscitant l’admiration de Mallarmé et de Huysmans, qui rédigea une célèbre préface pour le roman, d’ailleurs donnée dans cette édition.
Valet bavard et raisonneur, Jacques a la conviction que « tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut ». Par le récit de ses mésaventures, il prétend le démontrer à son maître. Qui, chemin faisant, ne demande qu’à savoir comment un fatal concours de circonstances rendit son serviteur amoureux… et boiteux. La lecture du fantasque Tristram Shandy, de Laurence Sterne, avait beaucoup réjoui Diderot qui, de 1771 à 1778, ne cessa d’enrichir Jacques le fataliste, dialogue entrecoupé d’aventures, d’apostrophes au lecteur, de soudaines digressions et de réflexions… morales ou amorales. Diderot s’affranchit ici de toutes les conventions pour livrer une « rhapsodie de faits, les uns réels, les autres imaginés, distribués sans ordre ».
Manuscrit à l’histoire originale (découvert par un Russe qui le présente à Schiller, le texte sera traduit en allemand par Goethe en 1805, puis traduit à nouveau en français par la suite), le satirique Neveu de Rameau met en scène une conversation à bâtons rompus, au café de la Régence, entre un philosophe et le parent du célèbre compositeur, bohème génial et extravagant.
Cette année, la Bibliothèque des Classiques propose une opération découverte : un exemplaire est offert (à choisir parmi Robinson Crusoë, Arsène Lupin et Thérèse Raquin) pour l’achat de deux titres de la collection. Le prix des volumes varie de 12 à 14 € ; leur compacité permet de regrouper parfois plusieurs titres, ce qui rend l’achat d’un volume à peine plus coûteux que deux titres en livre de poche, pour une qualité incomparable. Ces ouvrages sont de très beaux cadeaux à faire ou à se faire, d’une élégance désormais rare, et qui les assimile réellement au rang de bel objet.
yann-loïc andre
Denis Diderot, Jacques le Fataliste et son maître suivi de Le Neveu de Rameau, « La Bibliothèque des Classiques », 2017, 576 p. – 14,00 € .
Émile Zola, L’Assommoir, « La Bibliothèque des Classiques », 2017, 608 p. – 14,00 €.