Dominique Gauthier vit et travaille dans l’Hérault. Sa peinture se caractérise autant par l’excès que la maîtrise. Dans ses toiles ssouvent immenses se déploie une exubérance de formes, masses, contours, épaisseurs, superpositions, ronds. L’abstraction, comme la déconstruction et le monochrome y sont bousculés. Dans ses Ecrits l’artiste explique comment il fomente ses « fables » afin d’atteindre l’indicible et l’invisible.
Les textes prouvent combien la peinture est une pensée en acte. L’artiste explique son processus de création Il prouve que son travail est à considérer — au-delà de la pensée intentionnelle et conceptuelle, au-delà de l’objet dans sa stricte matérialité — comme un processus de pensée en transformation : « L’art est l’installation d’un instant, l’état de la présence qui repose et repasse sur la réalité pour parvenir à établir de l’image. C’est de toute manière une négativité du réel. Maintenant, à ce jour et dans la signature que je dois signifier, je pense à partir de l’idée de la sortie pour que quelque chose puisse arriver, puisse se présenter. Du grand exercice de la forme, de son installation à la fois acquise et transitoire, de son nécessaire silence, l’œuvre se conçoit comme idée, comme essence, à partir de pensées structurantes et techniques où la mobilité est l’axe constitutif. » écrit l’artiste.
Son langage plastique est particulier. Entre autres dans la présence du rond et du monochrome. L’artiste y « expose l’espace où vivent les idées », en explorant diverses possibilités « sans perte, sans reste, sans ruine ». Se crée tout un jeu sur l’absence par la présence où des opérations créent des pointillés et des fuites en des instances circulaires susceptibles de créer le rythme intrinsèque à chaque œuvre. Celle-ci est aussi une interrogation posée à et par la matière même de la peinture. Laquelle s’ inscrit là où tout se fait et se défait en dispositifs oniriques et paradoxaux.
L’investissement du défaut y est présent tout comme une extravagance fondée entre immobilité et accélération. Chaque anneau crée une configuration tendue vers une perfection volontairement contrariée comme si dans le geste se retenait toujours une autre possibilité. D’où la prise de risque continuelle d’une œuvre qui se poursuit comme une aventure d’expériences visuelles D’une toile à l’autre tout s’interpelle. La norme est revue et corrigée, au besoin en faisant appel à des éléments revisités de diverses manières que l’artiste précise. Dès lors, si la préface de son livre par Yves Michaud est anecdotique, les écrits eux-mêmes sont constamment passionnants par les angles qu’ils ouvrent et les précisions qu’ils apportent.
jean-paul gavard-perret
Dominique Gauthier, Ecrits (1976 — 2016), Editions Méridianes, Montpellier, 2017 — 28,00 €.
je remercie le nommé gavard-perret d’avoir qualifié ma préface aux écrits de Gauthier d’anecdotique. Il est certainement qualifié par une production immense pour juger ainsi autrui.
Je le remercie d’autant plus vivement que, renseignements pris auprès de l’éditeur, l’auteur du compte-rendu en question.…n’a pas eu le livre qui n’est pas encore à l’impression.…
Comment parler des livres qu’on n’a pas lu? — il y un livre là-dessus, je crois.