Celui qui tente de leur ressembler
Les hommes est un livre de mâle mais fait pour les femmes. Morgièvre l’écrit pour elles et une en particulier. A cela deux raisons. La première : « dans toutes les histoires d’hommes, il y a une fille, et même il faut une fille – sans fille, pas d’homme ». Mais la seconde n’est pas la moindre : « C’était pas une histoire d’homme que je voulais écrire, pas exactement, c’était une histoire de père et de fille.»
Certes, les modèles masculins sont là : ceux des années 60 Lino Ventura, Gabin ou leurs clones sous forme au besoin de petits malfrats aussi cruels que fragiles et auxquels Mietek le héros voudrait ressembler.
Mais il n’en a pas l’étoffe : son romantisme est d’une certaine manière trop pusillanime et pas assez à cheval sur sa liberté. Morgiève le montre comme en sous-main tant sa sensibilité et son goût lui jouent des tours. Mais il nous attire aussi dans son sillage pour que le lecteur comprenne ce qu’un tel homme tracte, tire et en quoi il jouit, tombe en un temps qui se compose autrement qu’à l’époque du cinéma en noir et blanc juste avant la Nouvelle Vague.
Ce qui ne veut pas dire qu’un tel livre fasse partie d’un monde révolu même si son époque est passée . Tout dans le roman est une aventure de plus ou moins bonnes manières et de manipulations entre jeu et engagement.
jean-paul gavard-perret
Richard Morgiève, Les hommes, Gallimard, collection Littérature française / Joëlle Losfeld, 2017.