Sarah Kaliski maîtresse femme
Sarah Kaliski semble désormais bien oubliée. Son oeuvre néanmoins avance encore dans la certitude comme l’incertitude, là où le vertical est le miroir du visible, du dehors et l’horizontal celui de l’invisible, du dedans. Le regardeur se retrouve entre la vue et le mental par l’émotion « obscène » du dessin. Preuve qu’en art la femme (ou l’homme) ne naît pas objet de désir : elle le devient ici à travers des corps de diverses “qualités”. Ils racontent pas mal d’histoires par surrection du noir qui offre parfois une colonne aux fantasmes enjoués.
La féminité qui était jusque là dans le sexe et sa tresse de poils est parfois dans le dos, elle part dans les colonnes vertébrales. Il y a là un certain suivi physique sauf qu’on ne tresse pas les colonnes vertébrales et qu’il n’y a pas de hernie capillaire. De tels phénomènes magiques ont l’apparence de petites vengeances ou de jeux propres aux dissidents de l’art et de la littérature, en particulier belges.
D’où le goût invétéré pour les extrêmes où se rencontrent des Dahlia Noir, des roses Chine. Restent la béance bien lubrifiée et le vertige devant l’abysse du désir et un certain goût amère du festif. Il se double d’une inquiétude de ne pas pouvoir se matérialiser. Même si le plus souvent l’accomplissement est au bout du pinceau.
Les lolitas peuvent s’introniser lesbiennes. Cela n’empêche nullement les allégories fleur bleue mais sexuelle, le trait est enchanteur, les bouffées d’ingénuité feinte. L’esclave possède la maîtresse, la naine chevauche (métaphoriquement) la géante. Jamais d’angoisse, seulement la surprise de l’innommable. Jamais de suspense, seulement la sauvagerie du fait à accomplir. Aucune limite ne semble pouvoir les arrêter. Un angle de lit sert de promontoire à l’épreuve de bien des initiales et des initiatives.
jean-paul gavard-perret
Sarah Kaliski, Le — X — ne peut cacher le nom vous dites ? Michaux le — N — de Henri se balade, Editions Fata Morgana, Fontfroide le haut, 2017, 64 p.