Restituer certains cadrages ou terriers du féminin
Les auteurs universitaires d’un tel ensemble illustrent comment des voix poétiques (au sens très large) incarnent les mythes féminins. Etant donné l’objectif universitaire, le poncif de « métalittérature » — sans quoi la nouvelle critique ne serait rien – est mis à bien des sauces. Il permet néanmoins de comprendre comment voix narratives parlées ou chantées « matérialisent » diverses figures mythiques dont les Sirènes, Philomèle et Procné, Isis, Cassandre et la Sibylle de Cumes, Pénélope, la Gorgone, Bérénice, Perséphone, la Lorelei, Lilith, Médée, Électre et bien d’autres figures « gnoséologiques ou prophétiques».
La fabrique poétique n’est plus celle d’un seul pré comme chez Ponge : elle s’étend à divers champs avec les mots, gestes ou objets qui les induisent et qui ossifient les codes de la représentation du féminin. Tout reste néanmoins au sein d’un cadre étroit. Il évite tous débordements et chocs.
Actes d’un séminaire organisé en collaboration avec Benedetta Collini pour un projet sur le syncrétisme de l’écriture des mythes à la fin du XIXe siècle, l’ouverture d’esprit est toujours de mise pour restituer certains cadrages ou terriers du féminin. Mais le propos demeure circonspect. L’image y devient la pieuvre douce des corps et le poulpe de lueurs solaires. Des lionnes dorment ou se reposent telles des espionnes dormantes. Mais tout reste conjugué sur un mode savant et sage.
La joie de la flibuste est rarement présente. Elle peut sembler parfois déphasée eu égard à certaines avancées qu’il est vrai le propos d’un tel livre n’avait pas pour objectif d’explorer.
jean-paul gavard-perret
Pascal Auraix-Jonchière & Maria Benedetta Volloni, Voix poétiques et mythes féminins, Editions Presses Universitaires Blaise Pascal, collection « Mythographies et sociétés », 2017, 296 p. — 15,00 €.