Il règne une propreté clinique dans les photographies d’Olivier Christinat quel que que soit leur motif. Tout est tenu en laisse et en même temps en liberté au sein de subtiles mises en scène. Voici la netteté de ce qui n’est pas absolument transparent : les corps, le monde. Les photos sont presque des chimères car elles ne manquent pas de fantaisie jusque dans la douleur.
Tout est organisé dans le cadre. Les êtres sont raides et souples. Ils partagent l’espace, ils se partagent l’espace. Plus que pavoiser ils déploient la force du coude à coude. Ou la fièvre du face à face (décalé).
Dans les photos réunies dans ce livre, un étendage cosmopolite, le monde oscille entre aplomb et rupture. Christinat crée d’étranges soudures, des autopsies de figures sans chercher à rassembler forcément l’esprit et le corps. Il y a les êtres, les choses et leur cadre. Des mouvements et des formes plus ou moins amputés. Se créent des traversées et leur reconstruction. Tout est à la fois bien calé et déroutant.
Le monde est multiplié par de fausses évidences. Elles sont autant de jeux d’éveil dans lesquels perdurent le côtoiement et la séparation.
jean-paul gavard-perret
Olivier Christinat, Nouveaux souvenirs, préface de Tatyana Franck, Editions Associations des amis d’Olivier Christinat et art&fiction, Lausanne, 2017 –50 chf.