Les éditions Glénat font mettre en images quatre romans de H.G. Wells, l’écrivain anglais considéré comme l’un des pères fondateurs de la science-fiction. Quatre titres emblématiques ont été retenus parmi les thèmes les plus explorés, les plus symboliques de ce genre littéraire. C’est ainsi qu’en six albums scénarisés par Dobbs on retrouver,a au cours du premier semestre 2017, La Machine à explorer le temps, La Guerre des mondes, L’Homme invisible et L’Île du docteur Moreau.
Voyager dans le temps, le futur ou le passé est un des rêves, encore inassouvi, de l’Homme. Voyager dans le futur pour le connaître, pour corriger dès aujourd’hui d’éventuelles évolutions néfastes ou, plus sordide, ramener des éléments pour asseoir une fortune. Voyager dans le passé pour corriger des dysfonctionnements, empêcher des catastrophes et des guerres. Ainsi, sans aller jusqu’à étouffer dans son berceau un certain Joseph Vissarionovitch Djougachvili, orienter différemment son enfance, donc sa vie, aurait pu éviter à des millions d’individus de connaître l’enfer…
H.- G. Wells avait envie d’explorer le futur, d’imaginer l’évolution de l’humanité. Son roman commence dans le Londres de 1895. Trois hommes se rendent chez un scientifique qui prétend avoir les moyens de se déplacer dans le temps. Ils sont bien dubitatifs. Sur place, l’inventeur les convie à une démonstration avec une maquette, mais sans les convaincre. Il quitte alors la table du dîner pour utiliser sa machine grandeur nature. De retour après quelques minutes d’absence, l’homme, affamé et barbu, annonce à ses hôtes qu’il revient de l’an 802 701. Il raconte. Alors qu’il s’échine à débloquer sa machine coincée sous une énorme statue, des humains s’avancent, une étrange communauté où chacun se ressemble et vit en harmonie. Il les baptise les Elois.
Sa machine disparaît. Partant à sa recherche, il découvre des tours, des puits, un système de ventilation avec l’intérieur. Il prend conscience que ce peuple joyeux, insouciant, angoisse quand vient la nuit et qu’ils se réfugient dans des dortoirs. Alors qu’il explore les environs, il aperçoit une silhouette, un être effrayant qui détale et se réfugie sous terre… Un autre peuple existe qui fuit la clarté et qui profite de la nuit pour s’emparer d’Elois…
Auteur prolifique de romans contemporains, de satire sociale, de vulgarisation, Wells passe à la postérité avec ses aventures « scientifiques ». Dans ce livre, H. G. Wells choisit d’explorer le futur et un futur lointain puisqu’il projette son héros en l’an 802 701 ! Fidèle à ses convictions socialistes, il met en scène des inégalités du régime victorien en jouant avec les métaphores. Il imagine un peuple indolent, très vite fatigué, qui ne travaille pas, ne se nourrit que de fruits. Les individus s’ornent de fleurs, chantent et dansent au soleil. Il met en scène un autre peuple, noir, lugubre, qui vit sous la surface de la terre comme ces mineurs qui, à l’époque, composaient de forts bataillons des travailleurs, le peuple asservi des ouvriers. Il les fait cannibales voulant essayer de renverser une tendance.
Dobbs scénarise ces romans avec la volonté de rester fidèle à l’œuvre originale, tout en lui apportant une modernité et en recourant à quelques raccourcis appropriés pour insuffler plus de dynamisme. Il faut reconnaître que cette approche est une réussite car le récit est en tension avec un suspense qui amène à une conclusion qui ne peut être que celle retenue par l’auteur. Sinon…
Le graphisme est superbe. Le travail sur le dessin, sur les décors, sur la représentation des machines de l’ère de la vapeur, des débuts de l’électricité sont magnifiques. Les personnages contemporains sont dans une représentation très réaliste et les lointains descendants sont issus des descriptions de Wells et parfaitement mis en images.
Un bel album que l’éditeur magnifie avec une couverture de qualité et une présentation très soignée.
serge perraud
Dobbs (scénario adapté du roman de H.G. Welles)& Mathieu Moreau (dessin et couleur), La Machine à explorer le temps, Glénat, coll. “H.G. Wells collection”, janvier 2017, 56 p. – 14,50 €.