Théodore Mann, Période verte — 2016 (exposition)

Se mettre au vert : Théo­dora Mann

Pour Théo­dore Mann, le vert n’est pas une simple cou­leur ou une sym­bo­lique. Il trouve chez lui le poids de l’être. Il est donc  bien plus qu’une sur­face de recou­vre­ment. Le jeune peintre plonge dedans, il devient plus que son che­min : sa peau, son inter-face ou sa face interne sou­dain retour­née. Bref, tout passe à tra­vers. Et sans la peur de s’y noyer. Mann y dis­pa­raît au plus pro­fond d’un trou et par effet de pans pour en faire émer­ger d’étranges reliefs lumi­neux mais opaques. Le reste n’existe plus — seul compte le geste. Et la matière.
Par cette cou­leur, l’artiste se trans­forme en scribe d’un genre par­ti­cu­lier. Plus besoin de prose mais le tra­vail de la main ivre de ses poten­tia­li­tés au pre­mier rayons de lune — Mann tra­vaillant sou­vent de nuit et dehors avec une telle pas­sion qu’il en oublie le froid pour fomen­ter ses « struc­tures sen­ti­men­tales ». Elles n’ont rien de méta­phores lyriques. Lignes, gra­vures, plans défi­nissent non des espaces mais des poids là où le papier n’est plus sup­port, lit ou suaire mais corps du créateur.

Il ne s’agit plus d’un rivage mais de la mai­son même de l’être où s’agitent des mou­ve­ments pre­miers, inté­rieurs, pul­sion­nels dans un par­fait équi­libre des angoisses et des tour­ments. Plus besoin de mon­ter sur des grands che­vaux de l’art qui ne sont que des viandes froides.
Tout ici fait sens :  il n’existe pas de cosse ou de fosse à l’insouciance.

jean-paul gavard-perret

Théo­dore Mann,  Période verte – 2016, Gale­rie Mot­tet, Post-War et contem­po­rain, Cham­béry, du 21 jan­vier — 25 mars 2017.

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