Corrado Ricci, L’art des enfants

Aux sources des avant-gardes

Les édi­tions Ligeia per­mettent de sor­tir de l’ombre un livre et un auteur peu connus en France : L’art des enfants de Cor­rado Ricci. A cela une rai­son majeure : Cor­rado Ricci fut un com­pa­gnon de route du Futu­risme. En France, le mou­ve­ment fut plus ou moins occulté des pay­sages lit­té­raire et artis­tique au pro­fit du Sur­réa­lisme qui fut pour­tant son débi­teur.
Le livre de Ricci (publié en 1886) connut un suc­cès inter­na­tio­nal et eut un rôle non seule­ment his­to­rique mais anti­ci­pa­teur.  L’auteut fut sinon le du moins un des pre­miers à s’intéresser à des images lais­sée dans l’ombre. Il per­mit la décou­verte de l’art hors normes de modé­li­sa­tions et tra­di­tions cultu­relles. En remon­tant à un art pre­mier– non dans l’Histoire mais dans le temps humain (l’enfance) — il fut, entre autres, impor­tant pour les avant-gardes qui allaient fleu­rir au début du Xxème siècle.

Au delà des normes “occi­den­tales” en vigueur depuis la Renais­sance, Ricci reven­di­quait la valeur de la spon­ta­néité, de l’émotion et de la vérité plas­tiques d’oeuvres “spon­ta­nées” qui échappe aux normes de la culture. Les des­sins d’enfants allaient per­mettre d’apprendre à désap­prendre et à reve­nir à une “vérité” par le natu­rel et l’authenticité de leur pri­mi­ti­visme. Jaillissent dès lors les pré­mices d’un art libéré de ses entraves grâce à l’”innocence” et l’inventivité des enfants.
Ils devinrent les auxi­liaires d’un art moderne même si trop sou­vent leurs facul­tés de créa­ti­vité furent sou­vent écra­sées par les ins­ti­tu­tions sco­laires. La jugu­laire des normes les remit trop sou­vent dans des “rails” que les créa­teurs des avant-gardes sur­ent tordre vers des “champs” où l’art allait se régé­né­rer. Ils furent de ceux qui, fai­sant en classe comme l’écrit l’auteur “piètres figures”, devinrent des inven­teurs des miroirs du merveilleux.

jean-paul gavard-perret

Cor­rado Ricci, L’art des enfants, tra­duit par Nina Sparta et Gio­vanni Lista (auteur de la pré­face), Edi­tions Ligeia, Paris, 2016, 124 p. — 14,00 €.

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