Angelus Novus AntiFaust ( Sylvain Creuzevault)

Un spec­tacle fou­traque, qui accu­mule dans une jouis­sance ver­bale non dis­si­mu­lée réfé­rences lit­té­raires, réflexions sur notre époque et incises politiques

Au début, on se regarde. Les comé­diens, en front de scène, un peu hagards, consi­dèrent le public tout aussi incré­dule. Habillés curieu­se­ment nor­ma­le­ment, les per­son­nages semblent posés dans un décor rudi­men­taire, fait de pan­neaux de bois rabou­tés, de bric et de broc. C’est une his­toire de savants fous, qui ne cessent de com­mu­ni­quer sans jamais rien révé­ler, qui ne croient plus en leurs inven­tions géniales. Un spec­tacle fou­traque, qui accu­mule et mêle dans une jouis­sance ver­bale non dis­si­mu­lée réfé­rences lit­té­raires (Baal, Faust, au moins) réflexions sur notre époque et incises politiques.

Des théo­ri­sa­tions ambi­tieuses animent les savants et un musi­cien dont l’élection serait comme une réus­site de « Nuit debout », occa­sion de pré­sen­ter des réformes éco­no­miques, poli­tiques et consti­tu­tion­nelles ins­pi­rées de démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive et de tirage au sort. Là devant nous l’espoir côtoie l’occulte, le déri­soire fait sens et la rai­son confine à la folie. Syl­vain Creu­ze­vault réus­sit à nous don­ner le sen­ti­ment d’un déli­te­ment per­ma­nent qui peut être celui de notre époque.

La pièce mêle plu­sieurs tableaux et rompt volon­tai­re­ment la nar­ra­tion, au risque d’apparaître sur­char­gée, tant la mul­ti­pli­cité des échos mytho­lo­giques vient satu­rer le pro­pos. Chaque per­son­nage semble avoir son double, son ange son démon son faus­saire. Les registres per­son­nels, scien­ti­fiques, poli­tiques et mythiques sont déli­bé­ré­ment mêlés. La démarche et le pro­cédé sont inté­res­sants, sti­mu­lants sans conteste, mais, en dépit des per­for­mances remar­quables des acteurs, le spec­tacle paraît se déployer sans règle, pêchant par excès.
Ainsi du magni­fique opéra contem­po­rain qui ouvre en manière expres­sion­niste la deuxième par­tie : tant qu’il consti­tue une paro­die, il est édi­fiant ; lorsqu’il appa­raît sérieux et par­tie inté­grante du pro­pos de l’auteur, il se montre trop long et trop ennuyeux pour ne pas être déce­vant. Fina­le­ment, la repré­sen­ta­tion reste effi­cace tant qu’elle s’inscrit dans le registre de l’ironie, mais perd tout sens quand elle pré­tend à l’authenticité.

chris­tophe giolito

Ange­lus Novus AntiFaust

mise en scène Syl­vain Creuzevault

 

avec Antoine Cegarra, Éric Cha­ron, Pierre Devé­rines, Éve­lyne Didi, Lio­nel Dray, Ser­vane Ducorps, Michèle God­det, Arthur Igual, Fré­dé­ric Noaille, Aman­dine Pudlo, Aly­zée Soudet

Créa­tion musi­cale  Pierre-Yves Macé ; régie géné­rale et son Michaël Schal­ler ; scé­no­gra­phie Jean-Baptiste Bel­lon ; pein­ture Camille Cou­rier de Méré, Marine Dillard, Didier Mar­tin ; lumière Natha­lie Per­rier ; vidéo Gaë­tan Veber ; masques Loïc Nébréda ; cos­tumes Gwen­do­line Bou­get ; pro­duc­tion et dif­fu­sion Élo­die Régi­bier ; Opéra “Kind des Faust” musique ori­gi­nale Pierre-Yves Macé ; livret Syl­vain Creu­ze­vault ; tra­duc­tion en alle­mand Éli­sa­beth Faure ; avec Juliette de Massy (soprano), Laurent Bour­deaux (bary­ton basse), Léo-Antonin Luti­nier (contre-ténor), Vincent Lièvre-Picard (ténor) Naa­man Slu­chin (vio­lon) Bar­bara Giep­ner (alto), Mai­tane Sebas­tián (vio­lon­celle) et Cédric Jul­lion (pic­colo), Elsa Balas (alto), Nico­las Car­pen­tier (violoncelle).

 

Au théâtre de la Col­line, du 2 novembre au 4 décembre 2016, rue Malte Brun, 75020 Paris

http://www.colline.fr/fr/spectacle/angelus-novus

du mer­credi au samedi à 20h, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30, 01 44 62 52 52.

Grand Théâtre, durée 3h30 entracte com­pris, avec le Fes­ti­val d’Automne à Paris

Pro­duc­tion Le Singe – copro­duc­tion La Col­line – théâtre natio­nal, Fes­ti­val d’Automne à Paris, Théâtre Natio­nal de Stras­bourg, MC2 : Gre­noble — Scène natio­nale, Théâtre Dijon-Bourgogne, Le Prin­temps des Comé­diens, La Fila­ture – Scène natio­nale de Mul­house, Le Quai — Nou­veau Théâtre d’Angers, La Comé­die de Valence — Centre dra­ma­tique national

Le pro­jet est sou­tenu par la Direc­tion géné­rale de la créa­tion artis­tique du minis­tère de la Culture et de la Com­mu­ni­ca­tion. Avec la par­ti­ci­pa­tion artis­tique du Jeune théâtre natio­nal. Avec le sou­tien de La Fon­de­rie au Mans.

Tour­née

Le spec­tacle a été créé le 23 sep­tembre 2016 au Théâtre natio­nal de Stras­bourg, salle Grü­ber. Théâtre Natio­nal de Stras­bourg du 23 sep­tembre au 9 octobre 2016 ; Théâtre Garonne-scène euro­péenne, Tou­louse du 18 au 21 octobre ; La Scène Watteau-scène conven­tion­née, Nogent-sur-Marne le 10 décembre 2016 ; L’Apostrophe-scène natio­nale, Cergy-Pontoise les 15 et 16 décembre 2016
Théâtre Dijon-Bourgogne-centre dra­ma­tique natio­nal du 21 au 25 mars 2017 ; Bon­lieu Scène natio­nale d’Annecy les 30 et 31 mars 2017 ; Comé­die de Valence — Centre dra­ma­tique natio­nal Drôme Ardèche du 5 au 7 avril 2017 ; MC2: Gre­noble — Scène natio­nale du 11 au 14 avril 2017 ; L’Archipel — Scène natio­nale, Per­pi­gnan les 20 et 21 avril 2017 ; La Fila­ture — Scène natio­nale, Mul­house du 26 au 28 avril 2017 ; Nou­veau Théâtre d’Angers — Centre dra­ma­tique natio­nal Pays de la Loire les 4 et 5 mai 2017 ; Par­vis — Scène natio­nale Tarbes Pyré­nées du 10 au 11 mai 2017 ; Prin­temps des comé­diens, Mont­pel­lier en juin 2017.

 

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