Jean-Louis Boissier, L’écran comme mobile

Immo­bile mobile

Grâce au por­table ou à cause de lui, l’image don­née pour « vraie » sou­met à un inégal com­bat. L’être humain perd en âme et conscience ce qu’il gagne ou croit gagner en « vie-tesse ». Sous cou­vert de pro­po­ser l’utile et l’agréable, l’écran por­table façonne l’inutile et le désa­gréable où à la fois tout passe et rien ne passe au moment où l’homme — uni­di­men­sion­nel voyeur — se courbe en rom­pant avec le réel et en se fon­dant sur un uni­vers d’artefacts.
La vision semble plus large et le monde plus com­pré­hen­sible, la course face au temps atteint jusqu’à la « pos­si­bi­lité de l’impossibilité » : mais Bois­sier montre qu’il s’agit là d’une simple vue d’un esprit déjà for­te­ment programmée.

N’étant plus seule­ment réflé­chis­sant, l’écran — et ceux qui le pro­gramment — pense à notre place. D’un côté sa « sagesse », de l’autre notre folie. Entre les deux l’ivresse, l’indivisible éga­re­ment. Séduit et se croyant omni­scient, l’être « embrassé » s’y retrouve clos et gisant.
Bois­sier per­met de com­prendre com­bien l’écran por­table, sans et sous mobile appa­rent, n’offre en lieu et place d’un « voir » qu’un croire voir qui se trans­forme en un simple « croire ».

jean-paul gavard-perret

jean-Louis Bois­sier, L’écran comme mobile, Edi­tions du MAMCO Genève, 2016, 240 p. — 32,00 €.

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