Pour fêter son anniversaire, Camille Moravia met son corps en déséquilibres. Il est vrai que si elle a jencore des peurs, « par contre niveau romantisme j’ai plus peur de rien / La vie ne tient qu’à un fil /Faut qu’on s’mélange, faut qu’on s’emmêle/ Qu’on s’enroule comme des ficelles ». Ce n’est pas neuf, diront ceux qui connaissent l’oeuvre mais en gué entre deux eaux d’âge l’artiste monte sur le pont d’un bateau ivre où elle offre son port de reine sans que l’ut du rut ne puisse s’enrayer. Il vit en insurgé. Au haut de bras nus — ou ailleurs -, la chair se fait insolente. Les femmes sont heureuses. L’éloge de la vie se crée dans la moiteur de leur chair. Et si elles ne promettent rien, elles se donnent toutes avec un air mutin.
Sans dessus dessous, les corps fleurissent de leurs puits. A travers leurs vêtements ou dans leur nudité, ils dessinent des mouvements d’une danse nuptiale qui n’a rien de légal ou d’illégal. Là n’est plus le problème. Un univers de délices surgit. Et les seins quoiqu’en noir et blanc sont faits pour la bouche comme deux glaces aux framboises. Laçage, démâtage, nuées de nudité. Une jupe laisse voir entre ses laps le home de la femme. Fragments de peau tatouée ça et là. Mais si la vie est parodique, la photographe lui donne une interprétation faussement anecdotique et passablement primesautière. Preuve que la solitude peut être absolue mais jamais idéale.
jean-paul gavard-perret
Camille Moravia, Le jour où j’ai eu…, Galerie de la Voûte, Paris, du 15 au 25 septembre 2015.