Catherine Hug & Anne Umland, Francis Picabia

Son « goût » fut l’opposé de l’ennui

Pica­bia et Dada ont recréé l’art au-dessus des démo­li­tions de la guerre. La « poule malade » de l’art, l’artiste et écri­vain l’a déplu­mée pour lui insuf­fler d’autres bases en renon­çant aux pro­to­coles des com­mer­ciaux qui avant 1914 l’avait « cubée ».
Mas­sa­crant la pré­ten­due « vertu » des arts (fussent-ils cubistes), Pica­bia a refusé de les câli­ner par des mas­sages. Se bat­tant au sein même de la toile, il en a retiré les vœux chastes « de madone bor­del de soir usé ». C’est dit avec cru­dité mais Pica­bia avait besoin de dépouiller son amou­reuse de ses apprêts pour lui refaire une santé.

« La grosse bête désha­billée de ses petits cos­tumes de jeunes filles », la place était libre. Pica­bia a tenu ses pro­messes. Son « goût » (pour par­ler comme Deleuze) fut l’opposé de l’ennui.
Quant à la beauté, elle devint inso­lente par cette aven­ture dadaïste que les Sur­réa­listes eurent du mal à sup­por­ter. Ils la tra­ves­tirent en une séré­nade de chambre mais le ver était dans le fruit et un nou­veau départ était donné.

jean-paul gavard-perret

Cathe­rine Hug et Anne Umland,  Fran­cis Pica­bia, Hatje Kantz, Ber­lin, 2016.

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