Une féroce critique de la pesanteur sociale et sexiste de l’Amérique profonde
Un personnage perçu comme candide vient présenter sur le devant du plateau le cadre de la pièce, en prenant soin de s’y situer lui-même. Il s’agit d’un huis clos opposant trois caractères bien marqués ; la mère maniaque hystérique, la fille transparente et fragile, le fils, narrateur extraverti qui nous parle, supposé adopter une position de neutralité. La scène présente d’abord des dialogues intimes derrière un voile, sur un sol ouaté.
Il émane de la représentation une atmosphère onirique, comme s’il s’agissait d’une reconstitution par l’esprit qui trouve à revivre son histoire. C’est l’exhibition d’une hégémonie maternelle qui conduit progressivement à une rébellion. Mais l’affaire, apparemment réductible à une exposition de cas comme on en pratiquait autrefois en psychologie, se déploie à travers des nœuds qui en constituent autant de trames.
Mais dans l’immobilisme se constitue une intrigue subtile, qui semble porter sur le rien des choses, sur la ténuité des caractères qui se découvrent sans se connaître. Initialement feutré, le propos se fait incisif. Il y a d’abord une féroce critique de la pesanteur sociale et sexiste de l’Amérique profonde. Il y a aussi l’approximation progressive du caractère du personnage le plus mystérieux : la « ménagerie de verre », c’est la collection de bibelots entretenue par Laura, la fille. Elle dit son rapport au monde, ses relations avec les autres, la minceur des rapports familiaux et sans doute de la texture humaine.
Une véritable création, pleine de délicatesse et de sensibilité, dans un cadre statique mais qui parvient à attirer l’attention sur la fragilité des êtres et de leurs relations prédéterminées.
christophe giolito
La Ménagerie de verre
de Tennessee Williams
mise en scène et scénographie
Daniel Jeanneteau
avec
Solène Arbel, Pierric Plathier, Dominique Reymond, Olivier Werner; avec la participation de Jonathan Genet.
Traduction de l’anglais Isabelle Famchon ; assistant mise en scène et scénographie Olivier Brichet ; lumières Pauline Guyonnet ; costumes Olga Karpinsky ; son Isabelle Surel ; vidéo Mammar Benranou ; collaboration à la scénographie Reiko Hikosaka ; régie générale Jean-Marc Hennaut ; régie lumière Juliette Besançon ; remerciements à Marie-Christine Soma.
Au théâtre de la Colline, 15, rue Malte-Brun, Paris 75020 PARIS
Grand Théâtre, le mardi à 19h30, du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30
du 31 mars au 29 avril 2016
Production Maison de la Culture d’Amiens, Studio-Théâtre de Vitry
coproduction La Colline – théâtre national, Espace des Arts – Scène nationale de Chalon /Saône, CDN Besançon Franche-Comté, MCB° Maison de la Culture de Bourges — scène nationale, Shizuoka Performing Arts Center (Japon), Institut Français.
L’Auteur est représenté dans les pays de langue française par l’Agence MCR, Marie Cécile Renauld, Paris, www.paris-mcr.fr, info@paris-mcr.com, en accord avec Casarotto Ramsay Ltd, London.
La traductrice est représentée dans le monde par l’Agence MCR.
La Ménagerie de verre est présentée en vertu d’un accord exceptionnel avec ‘The University of the South, Sewanee, Tennessee’.
Décor construit dans les ateliers de la MCB° Maison de la Culture de Bourges — scène nationale.
Avec la collaboration des élèves de première année de CAP et Bac Pro de la section verrerie scientifique du lycée Dorian à Paris et son professeur Ludovic Petit. Remerciements à l’entreprise V.S.N (Verrerie Soufflée et Normalisée — Paris).