Agnès Martin-Lugand, Désolée, je suis attendue

Quand une accro du bou­lot n’est pas loin du ‘burnout’ !

Yaël, la tren­taine éner­gique, ne vit que pour son tra­vail. Elle s’est impo­sée en quelques années comme la col­la­bo­ra­trice effi­cace et impi­toyable de son patron Ber­trand, à la tête d’une agence d’interprétariat et tra­duc­tion. Yaël ne compte pas ses heures, et mène la vie dure à ses employés et col­lègues. Froide, mais très pro­fes­sion­nelle, elle main­tient une cer­taine dis­tance avec sa sœur Alice, mère de famille épa­nouie et sou­cieuse de voir Yaël réus­sir éga­le­ment sa vie sen­ti­men­tale. Yaël ne veut rien entendre à ce sujet, et elle évite aussi le plus sou­vent pos­sible les ren­contres avec son groupe ami­cal qui date de la fin de l’adolescence. Rien ne doit per­tur­ber son ascen­sion pro­fes­sion­nelle, sur­tout pas une aven­ture sen­ti­men­tale, et encore moins une his­toire d’amour.
Pour­tant, ses cer­ti­tudes de femme d’affaires bla­sée, vont rapi­de­ment se trou­ver bou­le­ver­sées, quand le passé va resur­gir au moment le moins oppor­tun pour elle…lui faudra-t-il choi­sir entre car­rière et amour ?

Agnès Martin-Lugand s’est impo­sée en peu de temps comme une des auteures fran­çaises les plus popu­laires et sans doute aussi les plus aimées. Elle nous livre ici son qua­trième roman en cam­pant une héroïne d’aujourd’hui, uni­que­ment pré­oc­cu­pée par sa réus­site pro­fes­sion­nelle. Yaël en oublie tota­le­ment de vivre, et essaie d’oublier son pas­ser, ou tout sim­ple­ment de s’oublier. Froide, dis­tante avec tout le monde, elle semble inca­pable de s’investir un tant soit peu dans une rela­tion ami­cale, amou­reuse, ou humaine tout sim­ple­ment. Elle n’est d’ailleurs pas très sym­pa­thique au lec­teur dans une grande par­tie du roman, contrai­re­ment aux autres héroïnes pro­po­sées par l’auteure dans ses pré­cé­dents livres, comme Les gens heu­reux lisent et boivent du café (qui devrait se voir bien­tôt adapté au cinéma) et sa suite La vie est facile, ne t’inquiète pas, ou Entre mes mains, le bon­heur se fau­file. Mais, bien sûr, les choses vont évo­luer, Yaël va évo­luer, et pas du tout comme elle le voudrait.

La réus­site des romans de Madame Martin-Lugand est sans conteste son écri­ture vive, vivante… une écri­ture qui sait cam­per la vie d’aujourd’hui, sans conces­sions, mais avec une part de rêve. Elle pro­pose aussi tou­jours un nou­veau départ aux femmes qu’elle choi­sit de nous pré­sen­ter pen­dant quelques cha­pitres. Leur vie s’égrène, en nous fai­sant aussi par­fois réflé­chir sur la nôtre. On aime­rait qu’elles soient nos voi­sines, nos sœurs, nos amies, nos aimées. Et l’auteure les entoure tou­jours d’une ‘sélec­tion’ de per­son­nages, qui au fil des pages, n’ont plus rien de secon­daires. Agnès Martin-Lugand se per­met d’ailleurs quelques clins d’œil à ses pré­cé­dents per­son­nages dans ce nou­veau livre.
Beau­coup de sen­si­bi­lité et d’intelligence au ser­vice d’un nou­veau roman qui ren­con­trera sans conteste le che­min de ses pré­dé­ces­seurs : celui de la recon­nais­sance du public, et ce sera une fois encore bien mérité.

franck bous­sard

Agnès Martin-Lugand, Déso­lée, je suis atten­due, Michel  Lafon, 14 avril 2016, 379 p.  - 18,95 €.

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