Gilles Legardinier, Quelqu’un pour qui trembler

Au nom du père…

Thomas a choisi de mettre ses talents de méde­cin au ser­vice des plus dému­nis. Il s’est ins­tallé depuis plu­sieurs années en Inde, et y vit en paix et en har­mo­nie avec lui-même …jusqu’au jour où il apprend tout à fait par hasard qu’il est le père d’une jeune fille de presque vingt ans. Il décide de renouer avec son passé, et de ren­trer en Europe, pour décou­vrir le fruit de l’amour qu’il a vécu avec la femme qu’il a aban­don­née pour sa car­rière. Mais retrou­ver Paris, et le quo­ti­dien d’une ville occi­den­tale est quelque chose de plus éprou­vant qu’il pen­sait. Non seule­ment il reprend la direc­tion d’une petite mai­son de retraite oubliée des ser­vices sociaux, mais il doit aussi faire face à la réa­lité : com­ment entrer dans la vie de sa fille sans la bou­le­ver­ser ? Com­ment deve­nir ce père qu’elle n’a jamais eu vrai­ment ? Tho­mas va faire le choix de l’observer et de la pro­té­ger de loin tout en veillant éga­le­ment sur la vie de ses pen­sion­naires. Mais com­bien de temps pourra-t-il gar­der le secret, et res­ter dans l’ombre ?

Au même titre qu’Anna Gavalda, Gilles Legar­di­nier s’est imposé en quelques années comme un des auteurs pré­fé­rés des Français(es), avec son talent par­ti­cu­lier pour retra­cer et conter des vies ordi­naires et les trans­for­mer avec sen­si­bi­lité en vies extra­or­di­naires. Issu du monde du cinéma, et après avoir tra­vaillé sur des pla­teaux inter­na­tio­naux, il a décidé depuis plu­sieurs années de se consa­crer à l’écriture de romans. Il a ren­con­tré un grand suc­cès avec Demain j’arrête ou encore Et sou­dain tout change, cela est sûre­ment dû au fait qu’il campe tou­jours des per­son­nages d’une grande huma­nité auquel cha­cun a envie de (ou pour­rait) s’identifier à un moment où l’autre.
Avec Quelqu’un pour qui trem­bler, il ne déroge pas à la règle, et très vite on s’attache à Tho­mas, ce méde­cin au grand cœur qui, cer­tain d’avoir trouvé son équi­libre en Inde, voit sa vie bou­le­ver­sée par la décou­verte de sa pater­nité tar­dive. Com­ment deve­nir un père, et assu­mer sa vie d’homme alors que l’on ne sait rien de celle que l’on a engen­drée ? Com­ment ne pas trem­bler pour celle à laquelle Tho­mas va s’attacher au fil des pages sans jamais dévoi­ler qui il est ? Que faire pour l’aider à accé­der au bon­heur ? Peut-être mettre entre paren­thèses le sien,  et s’oublier encore ? Car Tho­mas est quelqu’un de géné­reux, au grand cœur qui apprend à chaque page à trem­bler pour les autres, et pas pour lui. Il donne tout autant aux per­sonnes âgées qu’il prend en charge et arrive à modi­fier leur quo­ti­dien avec l’aide de sa fidèle assistante.

Avec beau­coup d’humour, Gilles Legar­di­nier nous dresse aussi un por­trait des dif­fé­rentes sai­sons de la vie, et il est dif­fi­cile par­fois de ne pas sen­tir quelques larmes per­ler, notre cœur bon­dir , tant la réa­lité de ses per­son­nages rejoint par­fois la nôtre. Cer­taines scènes res­te­ront gra­vées dans nos mémoires de lec­teurs, comme celle de la bro­cante, ou du concert impro­visé mais chut !
En tour­nant les pages avec un empres­se­ment de plus en plus grand, on apprend que nos vies res­tent incom­plètes si l’on n’a pas ren­con­tré quelqu’un pour qui trembler.

franck bous­sard

Gilles Legar­di­nier, Quelqu’un pour qui trem­bler,  Fleuve édi­tions, 2015, 432 p. — 19,90 €.

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