Jean Sévillia, La France catholique

L’Eglise catho­lique en France, com­bien de divisions ?

Objec­ti­ve­ment, la situa­tion du catho­li­cisme en France n’est pas brillante. Si 56 % de la popu­la­tion se déclarent encore catho­liques, 8 % seule­ment sont pra­ti­quants. Le chiffre des­cend entre 4,5 % et 6 % pour les pra­ti­quants régu­liers, et même à 1 % entre les 18–24 ans. Les chiffres d’ordinations et de bap­tême s’écroulent. On ne compte plus les églises rurales vides, sans fidèles, sans prêtres, sans Dieu.
Le der­nier qui sort éteint la lumière…
Cette réa­lité n’est pas du tout mas­quée dans le livre de Jean Sévil­lia, La France catho­lique. Pour­tant, quand on en tourne la der­nière page, on est saisi d’une grande espé­rance. En réa­lité, si la misère de l’Eglise catho­lique est incon­tes­table en France, par­tout ont été plan­tées des graines qui donnent de très beaux fruits. Le repas ne sera certes pas pan­ta­grué­lique mais quand même !

L’auteur aus­culte le corps malade avec une très grande rigueur pour y déce­ler tout ce qui fonc­tionne encore. Et le constat se révèle opti­miste. Certes, la déchris­tia­ni­sa­tion com­men­cée au XVIIIe siècle a fait son œuvre et en pro­fon­deur. La société fran­çaise n’est plus chré­tienne. La crise des années 1970 aurait pu être fatale puisque une par­tie de l’Eglise et des fidèles ont versé, par­fois sans le savoir et sans le vou­loir, dans une apos­ta­sie com­plète. Mais deux fac­teurs ont joué en sens contraire : la puis­sance de l’héritage (spi­ri­tuel, poli­tique, artis­tique, lit­té­raire, « admi­nis­tra­tif » avec le réseau des paroisses, des évê­chés, des écoles ou des asso­cia­tions, etc.) et les pon­ti­fi­cats de Jean-Paul II et de Benoit XVI qui ont expli­qué aux catho­liques ce qu’ils sont et ce qu’ils doivent faire.
C’est donc sur ces deux fon­de­ments que le catho­li­cisme résiste encore et tou­jours. Et on voit appa­raître tout au long de l’ouvrage agré­menté de pho­to­gra­phies, aussi magni­fiques qu’émouvantes, les ini­tia­tives, les mani­fes­ta­tions pour la famille, les groupes, les nou­veaux prêtres connec­tés et rigou­reux, les intel­lec­tuels qui ne se cachent plus der­rière leurs sty­los, les uni­ver­si­tés, les com­mu­nau­tés reli­gieuses, les scouts. Bref, tous ceux qui aujourd’hui n’ont pas peur de se dire catho­liques. L’affirmation de l’identité reli­gieuse est en effet primordiale.

Oui, il s’agit de ne pas avoir peur et d’utiliser les struc­tures à dis­po­si­tion pour les conver­sions, comme l’école pri­vée dans laquelle les Fran­çais se bous­culent pour y pla­cer leurs enfants. Encore faut-il le vou­loir…
L’enquête de Jean Sévil­lia bat en brèche bien des idées reçues et éclaire d’une lumière nou­velle le che­min à par­cou­rir. Le catho­li­cisme est en réa­lité à un tour­nant, peut-être vital. La nou­velle géné­ra­tion catho­lique doit réus­sir là où ses aînés ont échoué. Absolument.

 fre­de­ric le moal

 Jean Sévil­lia, La France catho­lique, Michel Lafon, 2015, 237 p. — 29,95 €.

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