Arthur C. Clarke, La Cité et les Astres

 Naître pour la pre­mière fois

Le pos­tu­lat de ce roman de Clarke est d’un grand inté­rêt car ce texte de 1956 n’hésite pas à évo­quer une huma­nité dans un ave­nir des plus loin­tains : cou­pée de tout réfé­rent à la réa­lité telle qu’appréhendée au XXe siècle, notre espèce a évo­lué vers une uto­pie arti­fi­cielle, condi­tion­née par un Ordi­na­teur cen­tral hyper­puis­sant, mais il serait plus juste de dire qu’elle a dévo­lué.

C
ar, mis à part le jeune Alvin, être Unique qui fait excep­tion dans ce sys­tème inva­riant, les hommes viennent désor­mais au jour de manière cyclique, par clo­nage, pui­sés dans les banques mémo­rielles de la cité de Dias­par, der­nier refuge sur Terre des hommes qui y ont été repous­sés par des Enva­his­seurs ayant bien failli les sup­pri­mer jadis. Nul ne naît, nul ne meurt vrai­ment sur Dias­par.
Les citoyens s’y épa­nouissent au gré de “sagas”, tech­no­lo­gi­que­ment assis­tées, qui per­mettent aux rêves et aux fan­tasmes de se déver­ser sans que qui­conque ait besoin d’aller voir à l’extérieur de la cité ce qui s’y passe – ce qui est d’ailleurs interdit !

Toute notion de chan­ge­ment est pros­crite, la menace d’altération par le contact avec l’extérieur étant écar­tée par une orga­ni­sa­tion mil­li­mé­trée (absence de conflit, nour­ri­ture chi­mi­que­ment com­po­sée, rela­tions char­nelles réduites à l’accouplement sans souci de pro­créa­tion…). Alvin, qui vient de naître pour la pre­mière fois, à la dif­fé­rence des mil­lions d’autres habi­tants qui enchaînent vie sur vie suc­ces­sives, repré­sente le par­fait grain de sable dans cette machi­ne­rie : mû par d’autres désirs, d’autres envies, il veut savoir ce qu’il y a au-delà des limites de la cité, voya­ger comme ses ancêtres dans l’espace infini et les myriades d’étoiles.
Assisté par Khe­dron, le bouf­fon offi­ciel, Alvin accède bien­tôt à un che­min oublié de tous, qui mène à la cité de Lys, où lui sera révélé le secret de sa nais­sance en même temps qu’il décou­vrira d’autres hommes, remet­tant ainsi en cause les mythes fon­da­teurs de Diaspar…

Sans doute pas le plus grand roman de Clarke, ne serait-ce qu’à côté de 2001, L’Odyssée de l’espace, La Cité et les Astres reste cepen­dant une lec­ture idéale pour les ado­les­cents.
La plu­part des thèmes clefs du célèbre roman­cier amé­ri­cain sont réunis mais il manque à l’ensemble le souffle polé­mique et épique d’une ren­contre avec l’Ennemi pour trans­for­mer cette quête ini­tia­tique en véri­table par­cours du combattant.

fre­de­ric grolleau

Arthur C. Clarke, La Cité et les Astres, Folio SF, 2002, 347 p. - 7,50 €

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