Au nom de l’amour : entretien avec Anne Barlinckhoff (Fresh Cotton Calendar — Group Show)

Souvent pieds-nus, les modèles d’Anne Bar­linck­hoff demeurent élé­gants, elles sont de petites reines mais ne le montrent pas. Douce sans le savoir, l’artiste les sai­sit avec une sen­si­bi­lité et un magné­tisme rares. De leur buis­son ardent elle ne sug­gère que la caresse de l’aube. C’est par­fois un gri­gri glané à fleur de sable là où l’eau ne peut pas être plus claire et à por­tée de mains nues. Anne Bar­linck­hoff aime à se pré­sen­ter comme véné­neuse mais elle reste plu­tôt l’arbitre du réel. Seules comptent la pudeur et l’audace. Et l’amour sur­tout – don­née fon­da­men­tale de la vie et l’œuvre de l’artiste néerlandaise.

Anne Bar­lin­ch­koff, Fresh Cot­ton Calen­dar — Group Show, Fresh Cot­ton HQ, Amster­dam et “Beth and Cac­tus”, Liber­tine Gal­lery, Amsterdam.

Entre­tien :

Qu’est ce qui vous fait lever le matin ?
Le soleil et l’amour. Bien sûr en cas de jour de pluie je peux être très exci­tée tou­jours ou quel­que­fois : en aimant res­ter au lit.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfants ?
Le plus impor­tant est devenu une réa­lité. Je m’aime, j’aime ceux qui sont autour de moi que j’aime et dans l’autre sens. Et des gens de valeur conti­nuent à entrer dans ma vie.

A quoi avez-vous renonce ?
J’ai perdu espoir dans ceux qui me laissent tom­ber. Et ce que j’ai donné en échange, l’amour.

D’où venez-vous ?
’un passé trouble mais qui fait le per­sonne que je suis aujourd’hui et qui est heu­reuse de l’être.

Quelle est la pre­mière image dont vous vous sou­ve­nez ?
Le plus pro­ba­ble­ment celle de mon chat en été dans le jar­din rem­pli de fleurs.

Et le pre­mier livre ?
J’ai oublié le titre mais c’était l’histoire d’un gar­çon qui était un cancre jusqu’au jour où il gagne un concours et sou­dain les gens le regar­dèrent autre­ment et furent plein d’empathie pour lui.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Peut-être qu’il n’y a rien d’autre pour moi hors de l’amour et l’appareil photo. Par­ta­ger ma foi et mon amour avec les autres est ma seule pas­sion. Je ne consi­dère pas exac­te­ment l’art comme un tra­vail. C’est la foi qui sort dans l’amour et les images.

Où travaillez-vous et com­ment ?
Je tra­vaille n’importe où. J’ai un amour pro­fond pour notre pla­nète et j’aime aussi beau­coup la nature. J’ai vécu un demi-année en Afrique du Sud et j’ai réa­lisé beau­coup de tra­vaux entre le sable, les fleurs et les montagnes.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Aucune idée. Je crois parce que je n’avais pas de rai­son d’avoir peur.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Toute sorte, cela dépend de mon état d’esprit. J’aime la musique expé­ri­men­tale, nou­velle et inattendue.

Quel livre aimez-vous relire ?
‘Just Kids’ de Patti Smith.

Qui voyez-vous lorsque vous vous regar­dez dans un miroir ?
Je vois une femme très solide, qui aime tou­jours et ne renonce jamais.

Quel lieu a valeur de mythe pour vous ?
Les lieux de mon cœur et de ma mémoire.

De quels artistes vous sentez-vous la plus proche ?
Les artistes qui comme moi sont pas­sion­nés et ceux avec les­quels je me sens en connexion. Vous savez quand vous et votre meilleur ami disez la même chose au même moment Ou aussi quel­que­fois lorsqu’il suf­fit de se regar­der pour se com­prendre. Je res­sens cela avec mon amou­reux mais aussi avec les tra­vaux d’Helmut New­ton, Robert Map­ple­thorpe et Pablo Picasso, tous des Scor­pions comme moi.

Quel film vous fait pleu­rer ?
J’ai versé quelques gouttes à ‘Into The Wild’. Il y en a d’autres mais par­fois l’émotion vient moins du film que de notre état affec­tif lorsqu’on le voit. Je crois que j’ai pleuré quand j’ai vu ‘Full Metal Jacket’ pour la pre­mière fois.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
M’enlacer avec tous les gens que j’aime.

Que pensez-vous de la phrase de Lacan: “Aimer c’est don­ner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas” ?
C’est une vision inat­ten­due de l’amour. On a tous besoin de quelqu’un. Et c’est la plus belle des choses que de don­ner et rece­voir de l’amour même si vous pen­sez que ce n’est pas nécessaire.

Et celle de W. Allen “la réponse est oui mais quelle était la ques­tion” ?
Vous aimez-vous ? Est-ce que l’amour vous fait avan­cer ? Est-ce que la nature fait par­tie de nous ? Nous aimerons-nous toujours ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés et tra­duit par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 8 juillet 2015.

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Entretiens

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>