Ubu roi (Alfred Jarry/ Jérémie Le Louët)

Une salu­taire réécri­ture, qui dyna­mise le pro­pos de Jarry en l’actualisant

La scène a l’allure d’une remise de cos­tumes, d’accessoires. Bien sûr on peut y répé­ter, mais elle semble dres­sée pour durer, comme figée par son bric-à-brac aban­donné. En fond de scène, la vidéo semble mon­trer les acteurs qui se pré­parent. On craint une pré­sen­ta­tion didac­tique, lorsqu’un dit pro­fes­seur vient pré­sen­ter la pièce tout autant que défendre le prin­cipe de sa reprise. Mais on assiste bien vite à de nom­breux chan­ge­ments de registre, propres à sou­li­gner, voire à accen­tuer les outrances du texte : on passe de la fête au silence, de l’entente à l’altercation, voire au pugi­lat dégé­né­rant en meurtre. Quelques tru­cages élé­men­taires (fumi­gènes, bruits de canons, cris) suf­fisent à repré­sen­ter l’atmosphère de la bataille. La com­pa­gnie par­vient même à nous rendre presque sym­pa­thiques les per­son­nages de ce drame ridicule.

Le pro­pos débridé donne lieu à des jeux de scène gro­tesques qui redoublent les non-sens en per­met­tant du même coup de s’en dis­tan­cer. La vidéo est uti­li­sée au mieux : alter­na­ti­ve­ment de façon ludique et dyna­mique, pour per­mettre la mise en pers­pec­tive des per­son­nages, sou­li­gner ce qu’ils doivent à l’artifice de leur rôle. Jéré­mie Le Louët n’hésite pas à faire des ajouts à la pièce de Jarry : de mor­ceaux de dis­cours célèbres du XXèmeaux rémi­nis­cences d’Hamlet. C’est qu’il a sou­haité adap­ter la pièce en n’en conser­vant que la trame, pour la nour­rir d’impertinences telles que celles qui ont sus­cité l’accueil hou­leux lors de la pre­mière créa­tion. On assiste donc à une salu­taire réécri­ture, qui dyna­mise le pro­pos de Jarry en l’actualisant. Ludique et effi­cace, fleuri et joyeux.

chris­tophe giolito

Ubu roi
d’après Alfred Jarry

Adap­ta­tion& mise en scène Jéré­mie Le Louët

Cré­dit photo © Jean-Louis Fernandez

Avec

Julien Buchy, Anthony Cour­ret, Jona­than Fra­jen­berg, Jéré­mie Le Louët, David Mai­son, Domi­nique Massat.

Assis­ta­nat à la mise en scène Noé­mie Guedj ; scé­no­gra­phie Blan­dine Vieillot ; vidéo Tho­mas Chré­tien, Simon Denis & Jéré­mie Le Louët ; Lumières Tho­mas Chré­tien ; son Simon Denis.

 

Pro­duc­tion : com­pa­gnie des dra­ma­ti­cules, rési­dence de créa­tion et de coréa­li­sa­tion : théâtre de Cha­tillon ; copro­duc­tion  théâtre de Cha­tillon, théâtre de la Madeleine/scène conven­tion­née de Troyes, théâtre de Cordbeil-Essonnes, avec l’aide à la créa­tion du Conseil Géné­ral d’Ile-de-France et du Conseil Géné­ral de l’Essonne.

Durée esti­mée 1h45

Du 14 au 29 novembre 2014 au Théâtre de Châtillon

Le 2 décembre 2014 à 20h30 au Théâtre d’Issoire

Le 6 décembre 2014 à 20h30 au Centre Cultu­rel des Portes de l’Essonne

Le 11 décembre 2014 à 20h45 au Centre d’art et de culture de Meudon

Le 16 décembre 2014 à 20h30 au Théâtre de Chartres

Le 7 jan­vier 2015 à 20h30 au Carré Saint-Vincent à Orléans (ATAO)

Le 17 jan­vier 2015 à 20h30 à l’Espace Mar­cel Carné à Saint-Michel-sur-Orge

Le 20 jan­vier 2015 au Théâtre des Feuillants à Dijon

Les 22 et 23 jan­vier 2015 au Théâtre de la Made­leine, scène conven­tion­née de Troyes

Les 26 et 27 jan­vier 2015 au Théâtre de Corbeil-Essonnes

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