Pendant son périple en Chine, Marco Polo a assisté au siège d’une forteresse et découvert deux armes étonnantes. Elles sont tellement extraordinaires que Rustichello de Pise, qui écrit ses récits pendant leur emprisonnement à Gênes, n’a pas osé les intégrer dans Le Devisement du monde. Ces notes ont été retrouvées par un obscur conférencier. Celui-ci en parle tant et si bien qu’il attire l’attention d’individus qui l’enlèvent. Son cadavre, torturé, est retrouvé et les notes ont disparu de chez leur propriétaire.
Quelques membres de la Corporation sont dissimulés, près d’un village dans la région du Waziristân du Nord, depuis de nombreuses heures. Ils ont pour objectif de ramener le fils d’un homme d’affaires Indonésien, un adolescent un peu simplet, manipulé pour perpétrer un attentat suicide pour le compte d’Al-Qaïda. Depuis leur plaque, ils repèrent l’endroit où est amené le garçon. Mais ils voient arriver un véhicule d’où est extrait, brutalement, un soldat américain. Juan Cabrillo décide de libérer les deux prisonniers, coûte que coûte. La bataille est longue et rude, mais le commando réussit sa mission.
C’est L’Enfant, une mystérieuse entité qui propose un nouveau travail à La Corporation : retrouver Soleil, une fille disparue dans la jungle birmane. Le père impose la présence, dans le groupe qui interviendra, de John Smith, son garde du corps, un ancien de la Légion Étrangère.
Après une progression difficile dans la jungle, le petit groupe arrive sur les lieux où Soleil a émis son dernier message. Un temple est proche. L’armée birmane intervient, comme par hasard. Dans leur fuite, Juan se casse la clavicule. Cependant, sa mémoire a enregistré un fait étrange avant qu’il ne soit fait prisonnier. La Corporation ne s’est-elle pas fait piéger par son client ? Quels sont les buts poursuivis par lui ? Juan peut-il résister aux mauvais traitements et à la torture que lui infligent ces militaires birmans ?
Oregon, la série co-écrite par Clive Cussler et Jack Du Brul évolue singulièrement. Si le contenu des romans colle toujours à l’actualité et est lié à des sujets cruciaux de géopolitiques, les héros s’adaptent. Ainsi, La Corporation, compagnie de sécurité privée, installée sur le cargo Oregon, n’est plus en cour à Washington. Le président la trouve peu recommandable et ne veut plus que la CIA fasse appel à ses services. Les héros mènent alors des missions confiées par un mystérieux médiateur appelé L’Enfant, dont il reste tout, ou presque tout, à découvrir.
Les auteurs dotent Juan Cabrillo, leur héros principal, des sentiments et de qualités chevaleresques. En conséquence, c’est l’éthique et la morale qui guident le choix de ses missions. Il n’hésite pas à mettre en jeu une fortune pour délivrer un soldat américain qui va vivre des heures difficiles avec ses ravisseurs. Ainsi : “Sauver cet étranger, même au risque de ne jamais recevoir le million de dollars déjà provisionné par Bahar, en plus des quatre promis dès l’atterrissage de son fils à Djakarta, constituait pour lui un impératif absolu.” On voit tant d’abjections chez les hommes politiques et ceux de la finance que trouver un héros animé de nobles sentiments est aussi rafraîchissant que la première gorgée d’une eau pétillante par une journée de canicule.
Si vous appréciez l’action pour l’action, avec une débauche de moyens, tous plus sophistiqués les uns que les autres, avec des mises en péril, des coups de théâtre, des sentiments élevés, vous vous régalerez à la lecture de Jungle.
serge perraud
Clive Cussler & Jack de Brul, Jungle (The Jungle), traduit de l’anglais (États-Unis) par François Vidonne, Grasset, coll. : “thriller”, octobre 2014, 400 p. – 21,50 €.