Olivier Roche, La Course

Ou com­ment un roman célé­brant le pre­mier Tour de France peut être autre­ment pal­pi­tant que la ver­sion live 2004 du même Tour


Ou com­ment un roman d’héroïsme et d’amour célé­brant le pre­mier Tour de France peut être autre­ment pal­pi­tant que la ver­sion live 2004 du même Tour…

C’est sa miri­fique aven­ture en ce juillet 1903 que Louis, jeune livreur de mate­las sur la Butte Mont­martre, veut nous fait par­ta­ger. Entre deux livrai­sons à vélo qui lui font des mol­lets d’acier, Louis se consacre à son amou­reuse, Zelda, occu­pée, elle, par ailleurs, à vendre ses 16 ans à qui vou­lait. Ensemble ils rêvent de sor­tir de la misère qui les cloue là, ce qui entraîne Louis à des magouilles périlleuses avec la bande des Apaches. Pris dans une guerre de caïds, pour échap­per à la mort, il saute sur une embauche tota­le­ment inat­ten­due : cou­reur dans le pre­mier Tour de France à vélo.
 
Sur sa bicy­clette munie de jantes de bois et d’une lampe à acé­ty­lène, le voilà emporté dans la Grande Aven­ture, après un départ au son des orgues de bar­ba­rie et au rythme de la java, très Paname, où les pho­to­graphes ont des tré­pieds et les jour­na­listes des cale­pins. Au long des 2540 kilo­mètres de la course en cinq inter­mi­nables étapes qui font rou­ler encore la nuit, déjà les pièges, les tri­che­ries, les agres­sions : des clous sur le par­cours, du poi­son dans la gourde. Il y a aussi la haine des locaux pour les cou­reurs venus de la Capi­tale, leurs cris : Le Tour ne pas­sera pasÀ mort les Pari­gots.

Époque héroïque. C’est l’hécatombe chez les cou­reurs : plus qu’une tren­taine après la pre­mière étape, cinq cents bornes d’une traite. Chaque ville apporte son lot de folie. Spé­cia­le­ment Bor­deaux, étape du 14 juillet où le bal tourne à la bas­ton. Dans ce délire, nais­sance d’un cham­pion. Louis mou­line, et le lec­teur avec lui, dans une épo­pée hale­tante. Vain­queur à Nantes, ses sup­por­ters l’acclament avec le nom d’artiste qu’ils lui inventent : L’Apache.
Mais sa bécane casse à la der­nière étape, et en quelques secondes c’est l’effondrement de deux mille trois cents kilo­mètres d’endurance et d’illusions. Louis Cor­net finit la course qua­trième et désen­chanté ; l’auteur le sauve par un rebon­dis­se­ment savou­reux qui vient tout bouleverser.

Olivier Roche, alias Ins­pec­teur Space, a publié son pre­mier polar en 1996 sous ce pseudo. Il écrit aussi des scé­na­rios. Dans La Course, il entre­mêle avec talent ses héros de fic­tion avec des per­son­nages ayant réel­le­ment par­ti­cipé aux débuts du Tour de France. Le tout, dans une écri­ture enle­vée et gouailleuse, se lit en une seule étape tant l’histoire est réjouis­sante et Louis irrésistible.

colette d’orgeval

NB - Après avoir été dis­tin­gué en 2004 par le prix Antoine Blon­din, La Course a reçu le prix Louis Nucera 2005 [NdR].

   
 

Oli­vier Roche, La Course, édi­tions Fran­çoise Truf­faut, 272 p. — 15 €.

 
     
 

Leave a Comment

Filed under Romans

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>