Oscar Martin & Tha, Capuche Blanche

Jusqu’où aller dans une rela­tion toxique

Prenant le contre-pied d’un conte célèbre dont le titre est faci­le­ment recon­nais­sable, le scé­na­riste détaille le che­mi­ne­ment d’une jeune fille en quête d’attention, d’amour et qui pense les trou­ver dans une étrange relation.

Dans une mai­son iso­lée, une jeune fille rêveuse regarde tom­ber la neige. Il y a quelques années, sa mère les a aban­don­nés son père et elle. Celui-ci, bien que pré­sent, s’est tota­le­ment investi dans son entre­prise et néglige sa fille qui espé­rait rece­voir affec­tion et amour. Il lui a fait don­ner une édu­ca­tion à la mai­son. De ses six à ses dix-sept ans, elle a vu défi­ler tant de baby-sitters et de tuteurs que seul le sou­ve­nir de quelques-uns sur­nage.
Alors qu’elle se rend chez sa grand-mère, la seule qui lui ait témoi­gné quelque inté­rêt, elle remarque des taches de sang sur la neige. Elle com­prend que quelqu’un a besoin d’aide. Les traces l’amènent à une trappe. Lorsqu’elle des­cend, elle trouve un loup blessé qui lui dit qu’elle a choisi la plus mau­vaise option. Elle va le soi­gner. Il se pré­sente comme le der­nier de sa race et il a faim…

Jusqu’où peut-on aller pour aider quelqu’un ? Jusqu’où s’impliquer dans la recherche de l’amour, dis­si­per le sen­ti­ment d’abandon ? Le scé­na­riste retient l’idée induite dans l’universalité d’un conte qui a tra­versé les âges pour en faire une his­toire contem­po­raine. On retrouve une jeune fille, une grand-mère et un loup qui raconte que les chas­seurs ont exter­miné sa race. Mais il donne à cet ani­mal, qui est le Méchant, de très nom­breux récits, une autre per­son­na­lité. Il en fait un per­vers nar­cis­sique qui va entraî­ner Capuche dans une rela­tion toxique, l’amenant à être dépen­dante de ses désirs, lui fai­sant accom­plir des actes cri­mi­nels.
Avec peu de dia­logues, mais de nom­breux réci­ta­tifs, l’auteur explore l’évolution de son héroïne.

Le tra­vail gra­phique de Tha est syn­thé­tique, usant d’une éco­no­mie de traits sou­te­nue par des aqua­relles de bien belle fac­ture. La mise en page prend en compte l’intégration, de belle manière, des textes expli­ca­tifs des sen­ti­ments.
Un nou­veau conte qui filtre une image de la société actuelle, de ses dérives et de ses carences, mis en images de façon remarquable.

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serge per­raud

Oscar Mar­tin (scé­na­rio) & Tha (des­sin et cou­leur), Capuche Blanche, Del­court, coll. “Hors Col­lec­tion”, août 2024, 104 p. — 17,50 €.

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