Florence Seyvoz, Un perdant magnifique

Les unes et l’autre

Jacques -  beau-père — devient le héros de cette fic­tion eu égard à son titre. Son sta­tut per­met une forme de père mais dont les choses sont pos­sibles en un pacte de non dit entre lui et ses belles-filles. Leur incon­di­tion­na­lité est étrange et aussi étanche entre ces per­son­nages. L’homme veut embar­quer leur mère et ses deux filles. C’est en cela qu’il se sent impor­tant eu même égard à sa maladie.

Ce héros mys­té­rieux est occupé par des pro­jets mais Anna (une des deux belles-filles) et sa mère ne sont pas les seuls. Certes, Anna est reine mais ne res­sent pas pas de pres­sion venant de lui : juste une impres­sion. Et ce, même si Jacques veut toute le place et vam­pi­rise selon une vio­lence sourde qui reste celle d’un un loup mais que les femmes défendent, pro­tègent jusqu’au juge­ment de leur propre peur.

Néan­moins, l’ homme est toxique face aux ado­les­centes par son auto­rité. Mais il craint de les perdre. Et Flo­rence Sey­voz s’intéresse aux ambi­va­lences, aux rela­tions d’adoption. Anne et Irène face à Jacques per­mettent à la créa­trice de tra­vailler sa propre enfance. Comme Duras, elle écrit « avec ce qu’on a oublié » pour recou­vrir par son écri­ture des ter­ri­toires éloi­gnés pour elle.

La jeune auteure se console — qui sait ? — de Jacques (du moins de ce per­son­nage). En  étant adulte, il  vou­lait se  recons­truire une mytho­lo­gie qui est en prise directe via la vie de ces deux ado­les­centes. Ces per­son­nages deviennent ici la chambre d’écho de l’auteure. Tout est écrit avec jus­tesse, entre rejet et sen­ti­men­ta­lisme de ce qui est éprouvé. Le tout avec humour, ici ou là, en ouvrant des appa­ri­tions de par­ties de jeux entre ces personnages.

Influencé par Gene­viève Bri­sac, ce roman prend tour­nure et struc­ture dans une telle his­toire en boo­me­rang en ce qui tient par­fois d’une école des loi­sirs. De l’esprit des per­son­nages, tout n’est pas acces­sible, de chocs en chocs émo­tion­nels qui cris­tal­lisent ce qui peut émou­voir et fas­ci­ner. Existent donc des sortes de hold-up men­taux là où le livre prend les com­mandes dans ce qui pousse ici comme si tout n’était pas choisi en cet étran­geté au sein de telles « plantes » dont l’une se fane.

jean-paul gavard-perret

Flo­rence Sey­voz, Un per­dant magni­fique, L’Olivier, 2025, 144 p. — 19,50 €.

1 Comment

Filed under Chapeau bas, Romans

One Response to Florence Seyvoz, Un perdant magnifique

  1. Joseline Couturier

    Si Gene­viève Bri­sac influence Flo­rence Sey­voz le livre de cette der­nière sera un gagnant magnifique !

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