© Alejandro Guerrero
Allègre édification romantique
Geneviève de Kermabon apparaît altière, pétillante, toutefois grave, car c’est la barbarie qui sera contée : on assiste à une dissection de la monstruosité propre à en dénoncer les causes sociales.
Le texte de Victor Hugo est militant : il dénonce l’injustice des amusements des grands, dont certains reposent sur la vente et la mutilation de la pâte humaine. Seuls quelques passages du roman fleuve consacré à l’aristocratie sont sélectionnés, afin de constituer une narration fluide, présentant les étapes de la vie de Gwynphaine, de ses déchéances successives et de son salut par l’amour de Dea, une femme qu’il avait recueillie lorsqu’elle était nourrisson abandonné.
Le texte est romantique à souhait, à vocation édifiante.
L’enfant naufragé est d’abord la proie de trafiquants (les comprachicos) qui lui dénaturent le visage pour en faire une bête de foire. Il est ensuite recueilli (avec le poupon qu’il a sauvé) par Ursus, un philosophe misanthrope inspiré des cyniques, qui vit avec un loup. Mais Gwynphaine est rendu à sa condition de Lord ; même intronisé pair, lorsqu’il plaide pour la justice devant les plus hautes instances du royaume, il demeure réduit à sa condition de bouffon par sa face difforme.
L’adaptation est dynamique et l’interprétation bien sentie, en dépit d’une mise en scène minimaliste, réduite au dessin de quelques silhouettes, auxquelles la comédienne vient parfois apposer son corps. Une prestation intéressante et louable par sa vitalité et sa vivacité.
christophe giolito
L’homme qui rit
d’après Victor Hugo
adaptation, jeu et mise en scène
Geneviève de Kermabon
Lumière : Alireza Kishipour, assisté de Dorian Mahjed-Lucas
Au Théâtre de Poche Montparnasse, 75 boulevard du Montparnasse 75006 Paris
Durée 1h10. Du 2 septembre au 30 décembre, les lundis à 21h ;
représentations supplémentaires les dimanches 12, 26 janvier et 23 février à 17h
et les lundis 13 janvier et 24 février à 19h. Réservation 01 45 44 50 21