Pour la première fois, l’artiste belge Antoine Roegiers investit l’espace parisien de la galerie Templon. La Grande Parade fait suite à son exposition bruxelloise La Brûlure de l’éveil de 2023 qui évoquait l’avancée — ou plutôt la chute — d’un monde en pleine apocalypse.
Cela dure maintenant dans l’ensemble de treize huiles sur toile. Elles poursuivent cette « narration picturale ». Tout est peuplé de ce qui reste et ce qui disparaît, peuplée de grands feux, chiens errants, masques colorés et êtres humains en fanfare. Tout un carnaval grotesque file au pas dans un monde qui l’emboîte dans sa propre perdition.
La géographie et les êtres ne sont plus maîtrisés. Rien d’évangile là où tout existe à rebours. Cela continue à tourner mal avec ou sans raison dans l’histoire qui devient un chaos. Roegiers en rajoute quelques « notes ». Et voilà (hélas) l’essentiel, rien ne peut se rapiécer d’un peu de fil d’alléluia. Il s’agit d’entrer dans le nulle part et perdre jusqu’à la trace de soi-même.
La peinture en devient la preuve concrète. Aucune solution ne peut établir rationnellement la réalité de son existence. Certains cauchemars ont du mal à passer la nuit et tout est prêt pour se jeter dans le vide dans un monde sans joie où rien de respire.
jean-paul gavard-perret
Antoine Roegiers, La grande parade, Templon — 30 rue Beaubourg –30 octobre — 21 décembre 2024.