Représenter la représentation
Quelques notes de musique, expressives : on assiste à un enlèvement, qui se déroule sans violence, mais nous plonge dans l’inquiétude de la victime, qui tente bientôt de s’échapper de ce qui apparaît comme une prison dorée. Aimée du roi, elle clame son indéfectible amour pour Arlequin ; tous deux se refusent à céder au faste, à la grandeur, préférant nourrir leur relation simple et sans ambages.
Il s’agit donc de trouver un stratagème pour détourner Sylvia et son bien-aimé l’un de l’autre. Le luxe, les promesses de richesse, les attaques directes n’y sauraient réussir. Le texte est un véritable plaidoyer pour l’égalité, pour la valeur des sentiments contre la grandeur des présents.
La mise en scène est à la fois sobre et facétieuse. En costumes, avec un décor suggestif, le spectacle apparaît classique. Pourtant les gestes pressants, plus ou moins déplacés, manifestent la pression sociale et le sens de l’action qui met les individus aux prises avec leurs propres pulsions. Souvent des personnages apparaissent derrière l’huisserie, montrant le caractère représenté de la représentation.
Jean-Paul Tribout maîtrise les codes de la partition marivaudienne, dont il fait une comédie surjouée, dynamique et édifiante, emmenée avec brio par Marilyne Fontaine. L’ensemble est plaisant, ironique, édifiant.
christophe giolito
La double inconstance
d e M a r i v a u x
Mise en scène Jean-Paul Tribout
Avec Baptiste Bordet, Marilyne Fontaine, Emma Gamet, Agathe Quelquejay, Lou Noerie, Thomas Sagols, Anthony Audoux, Xavier Simonin, Jean-Paul Tribout
Lumières Philippe Lacombe ; costumes Aurore Popineau ; décor Amélie Tribout ; collaborateur artistique Xavier Simonin.
Au Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris 01 45 44 57 34
Du 18 septembre au 3 novembre 2024, Durée : 1h20
Du mardi au samedi à 19h Dimanche à 16h
Relâche le 20 septembre 2024
Production : Sea Art Soutiens : ADAMI, La copie privée