Les Éditions J’Ai Lu rééditent la saga de la romancière australienne. Celle-ci avait obtenu un succès mondial avec le célébrissime Les oiseaux se cachent pour mourir. C’est en 1990 qu’elle commence une immense fresque historique sur la Rome antique qui sera publiée en France en 11 tomes. La réédition compte le même nombre de volumes.
Le récit débute en 110 avant J.-C. sous le consulat de Marcus Minucius Rufus et de Spurius Postumius Albinus et se poursuit jusqu’en janvier 27 avant J.-C. Elle va ainsi raconter l’histoire de cette période à travers les carrières de Caius Marius, de Lucius Cornelius Sylla, mais aussi de Pompée, Jules César, Marc Antoine, Octavien… Les dames jouent un rôle non négligeable dans la saga, les plus marquantes étant Julia, l’épouse de Marius et Julilla, la femme de Sylla. Mais Cléopâtre va prendre une belle place.
La fresque débute par Les lauriers de Marius quand celui-ci, militaire de carrière, se voit offrir en mariage la fille d’un patricien de la plus haute noblesse. S’il était riche, ses origines modestes ne lui permettaient pas d’accéder à de hautes fonctions.
Sylla est un aristocrate totalement désargenté qui vit dans la misère et la débauche. C’est le décès de sa belle-mère qui lui apporte la fortune dont il avait besoin pour entrer au Sénat. Et, c’est le début de leur ascension. Marius devient consul et Sylla obtient un poste de légat, mais…
Au cours des récits, l’auteure, entre autres, va déployer en détail la guerre de Jugurtha, l’invasion des Teutons et des Cimbres, la Guerre sociale dans l’Empire, celle contre Quintus Sertorius, la révolte de Spartacus, la guerre des Gaules, les problèmes politiques de l’Égypte et les amours de Cléopâtre avec Jules César et Marc-Antoine…
La romancière a elle-même effectué tout le travail de recherche, de documentation, dessinée les cartes et les portraits, rédigé un glossaire copieux. Le tout se révèle fort utile pour apprécier les récits, resituer la cadre des événements. Elle spécifie que les portraits dont elle illustre ses textes sont vraisemblables. Quand cela était possible, elle s’est inspirée de toutes les représentations de l’époque, ayant assez que Cléopâtre ressemble à Liz Taylor et que Jules César ait les traits de Richard Burton.
Elle livre une foultitude de détails tous aussi intéressants les uns que les autres. Par exemple, la composition des patronymes des Romains, ces noms qui semblent à rallonge. Ceux-ci se composent du prénom, en premier, suivi du nom de famille et du surnom attribué à la personne. Les femmes n’ont pas de prénom (à quoi bon !!!) : elles portent le nom du père au féminin.
Depuis le 27 mars 2024, à un rythme régulier, J’Ai lu fait paraître les différents tomes. À ce jour, neuf sont disponibles sur les onze que comptera la série.
Un récit passionnant, une suite d’histoires toutes aussi enthousiasmantes par la richesse des propos, l’art de la conteuse, la rigueur historique. Un monument pour entrer dans cette période et presque la vivre.
serge perraud
Colleen McCullough, Les maîtres de Rome Tomes 1 à 11 (The First Man in Rome), traduit de l’anglais (Australie) par Jean-Paul Mourlon, J’Ai Lu, coll. “Littérature étrangère”, Mars à décembre 2024. La pagination des tomes varie entre quelques 512 et 1248 p. — le prix, entre 9,50 et 10,90 €.