Mathias Lair est un écrivain précieux et précis. Le diable (et les religions) peuvent être dans ses détails. Pour preuve : son titre. Le manque de point d’interrogation. C’est d’autant plus significatif que dans son précédent livre moins diable que saint (d’esprit) « Où est passé mon ange ? » ce signe subsistait. Mais pour ces deux titres, point n’est espoir qu’une orange arrange question bonheur ou ersatz d’éternité.
Toutefois – et c’est assez rare chez lui– sans caresser un moi haïssable ou non, existe là des éléments autobiographiques traités comme par-dessus la jambe mais c’est une astuce de se baigner d’illusion quant à la (double) question des concepts quasiment premiers (ou derniers) : malheur et son corollaire bonheur. Mais, et en suprême jeu d’intelligence et de littérature, l’inverse est vrai aussi.
Pour ce dénommé pseudo, l’air (de rien) est tout. Et un tel auteur fait partie (même si cette notion est devenue obsolète) des avant-gardistes. Pour découvrir les causes de son vécu dysentérique, à chaque évènement il peut en filigrane diagnostiquer la maladie du bonheur sans l’associer à des reflux littéraires, déferlant dans l’œsophage à s’en oxyder la gencive.
A sa manière, l’écrivain est cynique au collier hédoniste mais, flairant l’odeur de mauvaises mœurs, il a du mal (ange où non) à tolérer l’empyrée sur notre monde. Bref, cette notion est un en pire, victime d’excès d’illusions. Mais afin de conjuguer les ceux postulations opposées, il parle (en pRosodie ou pRoèmes) le français à la hache inspirée de ses congénères comme le rom en sinti, et le sinti en rom. Sans doute une question moins de point de vue que d’empire du sens. Ave Mathias !
Jean-paul gavard-perret
Mathias Lair, Quel est ce bonheur enfoui, éditions Vincent Rougier, revue « ficelle & plis urgents », Soligny-la-Trappe, 2024, 40 p. — 13,00 €.
merci à JPGP„ qui tire plus vite que son ombre !
Mathias Lair