Ceux qui existent — ou pas : entretien avec l’écrivain Sylvain Siproche (Goulash for Xmas)

Lanthro­po­mor­phisme des écri­vains nous place grâce à Sil­vain Siproche dans un espace et une “nature” qui n’existent pas ou existent trop. Sommes-nous dis­pen­sés de ne pas connaître l’auteur ? En rien ! puisqu’ici il nous fait une faveur (dont beau­coup de femmes doivent béné­fi­cier). Pour lui, le roman devient un genre d’une incon­ti­nence notable et selon son humeur et son humour Picro­chole dans cette fic­tion où l’amour n’est plus à mater que de loin.
Che­mi­ner avec Siproche c’est comme le faire avec Mar­gue­rite Duras cinéaste : arri­ver à un loin­tain du monde. Existent des délires pos­sibles sur de belles cuisses. Elles chantent sans exé­cu­ter une autre mélo­die qu’en Ut et Si baie molle. Tout est ras­sem­blé sans perdre le fil d’un souffle bur­lesque. Les polis­sonnes trouvent des ailes arti­fi­cielles d’ange et de vieux mes­sieurs des coiffes altières afin de s’inscrire en faux sur le sens déso­lant des réalités.

Restent des champs, des contre-chants et des pro­fon­deurs narines (même s’il existe d’autres ori­fices). Existe là une double pos­tu­la­tion : vers le haut et vers le bas dans un remixage des don­nées immé­diates du corps, sa pen­sée, son logos, sa conscience et ses lois morales.
Le récit déborde en rafales et ava­lanches par un tel écri­vain che­va­lier à la rose de personne.

 Entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’impatience d’en découdre avec la nou­velle journée.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
J’ai réa­lisé ceux dont je me souviens.

A quoi avez-vous renoncé ?
À la célébrité.

D’où venez-vous ?
De loin, d’où mon nom.

Qu’avez-vous reçu en “héri­tage” ?
Le goût des mots et des jeux de mots laids.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Un carré de cho­co­lat 85% mini­mum après chaque repas.

Qui est Syl­vain Siproche ?
Mon double créatif.

Com­ment définiriez-vous ce roman ?
Le récit para­noïaque d’un roman­cier à suc­cès, piégé dans l’autofiction, agré­menté de tous les exer­cices de style qui font un bon pas­tiche, les gla­chons en moins.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Le pos­ter de la Ten­ta­tion de St Antoine de Sal­va­dor Dali, dans le cou­loir de ma mai­son d’enfance.

Et votre pre­mière lec­ture?
“Tin­tin et le Lotus bleu”.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Ce matin, Arc­tic Mon­keys, Phi­lippe Kate­rine et The Kills. Hier, Arab Strap, Sophia et Emily Loizeau.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Le Temps mort” de René Belletto.

Quel film vous fait pleu­rer ?
À chaque vision, la der­nière scène de “Lucia y el Sexo” de Julio Medem, m’arrache de chaudes larmes.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir, qui voyez-vous ?
La ver­sion sérieuse de moi-même.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À Irène Jacob.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Liverpool.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Samuel Ben­ché­trit, Jona­than Coe, Luke Haines, Krzysz­tof Kieślowski.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un livre réa­lisé par tous mes amis.

Que défendez-vous ?
Le vin natu­rel et l’humour noir.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
J’ai beau­coup donné.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?” 
“Je ne te per­mets pas de me vouvoyer !”

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Pour­quoi se cacher der­rière des pseudonymes ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret, pour lelitteraire.com, le 3 sep­tembre 2023.

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