Courants conducteurs et vie à l’envers
Interprétée par la comédienne Noémie Sarcey, le nouveau personnage du triptyque de Jean-Claude Bélégou est Aurane. Elle-même comédienne, elle répète une partie (la première) de la « Confession d’un enfant du siècle » de Musset lorsqu’il écrivait son désenchantement.
Ce personnage n’épouse pas celui incarnée par l’auteur. Pour preuve, Aurane, représentée par l’actrice, dit mais aussi chante, danse et poursuit sa vie quotidienne en une suite de fragments et plans-séquence brefs où la comédienne elle-même improvise .
Existent ainsi des jeux de dédoublements et aussi d’un corpus linguistique où le plus souvent il s’agit de retenir les voix entremêlées soit par voix-off sur le texte de Musset soit, par exemple, des bribes de conversations de bus ou des confidences de voisins de repas d’une noce.
Lors de la première partie du triptyque (Apolline) l’atmosphère était tragique, hivernale et nocturne dans un récit tendu. Ici, à l’inverse la lumière et le printemps règne. Et soudain le film change par rapport au premier : nous sommes ici dans la comédie de la vie, une sorte de comédie d’été.
Concordances ou non sont assurées dans ce parfait été et cette presque insouciance. Il existe dans Aurane des surfaces éblouissantes. Elle y apprend la vie qui est en elle et d’où elle contemple le monde et l’humain au-delà des rainures sinueuses de Musset.
jean-paul gavard-perret
Jean-Claude Bélégou, Aurane, long métrage. Visible sur son site https://www.belegou.org