Le livre de Jean Frémon se lit avec jalousie et envie. « Je n’ai pas de théorie sur l’art. Quand j’écris sur un artiste, j’essaie de dire ce que j’ai vu, entendu et pensé dans l’atelier, devant les œuvres. », écrit-il mais il nous fait aussi partager ses voyages dans l’art. Et tout ici est raffiné par la fluidité de style et les affinités électives.
L’auteur sait toujours, pour évoquer ses rencontres, trouver des anecdotes qui n’ont rien de fortuites. Sa longue carrière de galeriste associée à son activité d’écrivain a permis à ce compagnonnage d’irriguer des écrits où se manifeste librement la fascination de l’auteur pour les peintres et sculpteurs qu’il fréquente et dont il a (ou a eu) la chance de côtoyer au fil de ses nombreuses charges et activités.
Il y a là des Dublinois en déroute (dont Sean Scully), des portraits comme des dessins de Giacometti. Le tout avec tant de multiples entrées. Frémon permet à certains de découvrir de plus près un panorama des créateurs d’un temps pas forcément passé et remis en chemin dans ces rêveries d’un promeneur solitaire.
Sortant d’un splendide isolement, Frémon vagabonde grâce à son écriture qui ressemble à un peu de lumière couchée sur un vitrail.
jean-paul gavard-perret
Jean Frémon, Probité de l’image, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, août 2024, 248 p. — 25,00 €.