David Sarnac & Amel Zmerli, Corps en nudité

Corps de muses

Pour par­don­ner l’homme, les deux auteurs non seule­ment acquitte sa chair, mais libèrent sa beauté qui s’épanche seule­ment lorsqu’il est nu en attei­gnant « sa blan­cheur d’aube ». L’« Avant dire » de leur livre ouvre les poten­tiels de l’Imaginaire qui, par le nu, engage du dehors et du dedans. Puis il offre sous formes d’aphorismes ou de poèmes plus long bien des angles d’interprétation.

L’ensemble met en relief un pro­ces­sus créa­tif très éla­boré. Le nu ne se situe non en tant que méta­phore mais comme un réseau de com­plexi­tés voire aussi de puis­sances réfé­ren­tielles. Dès lors, avons-nous  besoin de nous rap­pe­ler que nous sommes dévê­tus et libre de notre part d’irréductibles secrets ?
Pour les deux auteurs il existe des mer­veilles qui ne sont pas seule­ment dans le fond de nos yeux et son eau de mys­tères car qui sommes-nous en entier ? Voire de ce que fut notre esprit d’enfant et l’innocence du sur­gis­se­ment repris, cor­rigé, dévoilé à la fois sau­vage ou ordonné, sage ou extravagant ?

Par de tels textes, nous dan­sons (tout en réflé­chis­sant) dans des formes que le hasard a par­fois pro­je­tées sur le des­sein han­tant notre lieu sinon notre “mai­son de l’être” (Bache­lard). Et de nos tours d’ivoire, Amel Zmerli  et David Sar­nac conçoivent des sortes de mises en scène où figurent même de savants négli­gés du désordre impor­tun de la vie.
A force de nœuds, ils sai­sissent des parts de véri­tés. Lucides et ailés, ils ont bien d’autres pou­voirs qu’une puis­sance rageuse. Ils s’ouvrent encore, le cœur déchiré ou heu­reux, en un pro­ces­sus de radi­ca­li­sa­tion du nu selon dif­fé­rentes affir­ma­tions qui accordent la créa­ti­vité d’une telle ima­gi­na­tion. Dès lors et par exemple, « Les pré­ju­gés étant les plus lourds de nos vête­ments », à ce titre la nudité devient « tel­lu­rique » en mul­tiples entrées.

Existe un pro­ces­sus d’augmentation de l’humain et non seule­ment ico­nique. Les mots deviennent une puis­sance d’émancipation en envi­sa­geant le réel et l’imagination. Celle-ci lui leste une den­sité. Manière de par­ti­ci­per à des valeurs exis­ten­tielles qui peuvent même s’attacher à cer­taines phy­sio­no­mies du cos­mos. L’univers devient un chant et “la nudité un diapason”.

jean-paul gavard-perret

David Sar­nac & Amel Zmerli, Corps en nudité, Tar­mac Edi­tions, Nancy, 2024, 152 p. — 23,00 €.

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