Une série gothique devenue culte…
Cela faisait plus de onze ans que cette série était en panne. L’absence de nouveautés était compensée par des rééditions, mais l’histoire restait inachevée.
Tout commence sur le front russe, en 1944, quand Heinrich, un jeune soldat, est mortellement blessé. Il se retrouve sur Résurrection, un monde où tout est inversé et devient Requiem, un Chevalier-vampire.
Dans le Berlin de l’ère Dracula, Otto et Requiem se font face, épée en main. Otto tente de convaincre son vis-à-vis d’être amis et propose, pour sceller l’accord, une pinte de sang de Rebecca. Devant le refus de Requiem, il prend la jeune femme comme bouclier mais celui-ci transperce les deux corps, libérant ainsi celle qu’il aime de la malédiction.
Il retrouve Black Sabbat que lui indique que Dracula, son ennemi juré, est retourné en Draconie après un duel épique contre Ruthra, le suzerain de Dystopie. Requiem décide de se rendre en Draconie pour un combat final. Là, le comte organise le grand banquet de la Victoire pour ses chevaliers-vampires.
En chemin, Requiem est arrêté par des femmes du harem des vierges de Dracula qui le charment pendant que, sur place, les conspirateurs l’attendent avec impatience.
Mais Dracula, qui sait qu’on veut le détruire, cherche le ou les traîtres et…
Ce tome 12 met en place tous les éléments qui vont amener à une conclusion en apothéose dans le prochain et dernier opus. Dans cette série de Dark fantasy encore plus débridée, Pat Mills mobilise tous les dispositifs et tous les personnages sulfureux de la Grande Histoire mondiale. Il use des contenus, des postulats, des théories des religions et des croyances populaires. L’enfer est omniprésent et le thème des vampires sert de colonne vertébrale au récit. Mais, derrière toute cette machinerie ésotérique, diabolique, satanique, on trouve l’idée toute simple du fils qui tue le père.
Pat Mills, dans ce récit épique et gothique, anime et fait défiler les pires engeances humaines et de fiction dans un maelstrom de combats, de rivalités, de complots, de face à face tendus ou la haine est le seul moteur.
Pour mettre en images un tel univers le choix était très restreint. Un auteur s’imposait : Olivier Ledroit. Celui-ci comptait déjà trois séries bien attractives à son actif. Mais, avec Requiem, il propose un déferlement de planches toutes plus remplies les unes que les autres. Avec lui, les fonds des vignettes ne sont jamais vides, ils sont composés de mille décorations toutes inventives, l’auteur faisant preuve d’une imagination plus que fertile. S’il dessine des personnages humains, des visages très reconnaissables, il donne dans la démesure pour ses protagonistes humanoïdes et animaliers. Les costumes et accessoires sont d’une richesse peu commune et ses vues panoramiques sont prodigieuses. Il faut passer beaucoup de temps sur chaque planche pour en apprécier la densité et la luxuriance, d’autant que vous trouverez des doubles-pages.
Si la couleur rouge est prédominante, n’est-ce pas normal dans un univers de vampires ? Chaque album est ainsi reconnaissable par une couleur spécifique et, pour ce tome, il s’agit du jaune.
Ce tome 12, d’un incroyable foisonnement graphique fait attendre l’ultime album avec impatience. Mais ce n’est pas un dessin de Manga et donc, il faut s’armer de patience.
serge perraud
Pat Mills (scénario) & Olivier Ledroit (dessins et couleurs), Requiem — t.12 : La chute de Dracula, Glénat, coll. “24x32”, mai 2024, 80 p. — 16,95 €.