Fidèle lecteur de Georges Bataille, Surya étend sa notion de “dépense”. Mais elle prend chez ce dernier le sens d’une dilapidation volontaire de l’existence, sa peau, ses os. Celle-ci se caractérise ici comme un exercice d’idiotie dont le trop fait tout le charme. Si bien que cette manière de vivre revient chaque année comme un marronnier journalistique. S’y retracent quelques souffrances mais aussi des pamoisons plus ou moins provisoires.
Certes, le temps nous est conté même si ses habitants comptent sur la peur vu le départ progressif de bien des nécessiteux. Surya apprend toutefois que nous sommes des héritiers avides de paroles, parfois jaloux de celles dont les nouveaux venus finissent par disposer.
En tout état de cause, des mots il en a souvent manqué mais aussi en manque toujours ou jamais assez. Chacun en bouffetant qu’il le peut quitte à pratique une littérature de genre en des vagissements, histoire de combler ce qui reste à tasser. C’est de fait bien une meilleure d’exister, au besoin en suivant divers lieux-dits comme des lieux aux tas d’et cetera pour s’y dépenser, voire frelater avec pour salut commun ce qui arrive : angoisses, briques, merde, acier trempé, arbres, merles et groseillers.
jean-paul gavard-perret
Michel Surya, L’excès, et cetera, Editions L’extrême contemporain, 2024, 112 p. — 13,00 €.