Abigail Assor, La nuit de David (rentrée littéraire 2024)

Une his­toire de la folie

Ce roman — poé­tique dans son écri­ture médi­ta­tive tout en n’allant jamais dans “les choses à dire” — crée un roma­nesque par­ti­cu­lier et qui émeut. Certes, on peut y pen­ser que, dans cette famille juive, par­fois la croix (pour un catho­lique par appro­ba­tion) est une mère, de celle selon Grod­deck, dont « nous mou­rons tous de nos mères ».
Mais avec Abi­gail Assor son talent ren­verse cet état de fait. Elle explore les failles d’une famille face à un frère trop aimé et pas comme les autres. A savoir, un frère atteint de la folie qui plus est, en son cas, dan­ge­reuse et presque meurtrière..

Avec  ce deuxième roman, l’auteure trouve une puis­sance rare et presque ter­reur et apo­gée. A-t-elle résisté aux envoû­te­ments du frère ? Fina­le­ment il «étend» celle qui a tout fait pour lui mais, à l’opposée dia­mé­tral, il a osé — sans s’en rendre compte dans sa nuit de l’être — ce qui est arrivé et s’est répété. Et ce, avec force de détails. .
Les modes de vie impri­mées par le lien fami­lial sont patriar­caux même si, par­fois le plus sou­vent, la parole des mères est pres­crip­tive. “La Mère” est le nom d’un nœud de manière  (voire de vipère… ) d’être, de pen­ser, de par­ler, d’écrire : mais la régu­la­tion quo­ti­dienne est alté­rée par le “res­sem­blant” du sujet de la narratrice…

Celle-ci avec sa pré­ci­sion des­crip­tive plonge au sein de l’habitus tri­bal dans l’opacité du monstre. La nar­ra­trice subit une épreuve par amour mais, en son cas, jamais elle n’est jamais com­man­dée par les inten­tions de l’enfer. Elle veut garan­tir à qui elle s’adresse une pos­si­bi­lité de vie d’autant qu’elle reste par­ta­gée et par­ta­geuse, socia­le­ment inté­grée, cadrée par le bon sens, vouée à des causes justes.
Elle doit cepen­dant subir ce qu’elle-même ne juge pas. Elle dit avec force mais aussi sur­en­chère homéo­pa­thique son achar­ne­ment afin de montrer/cacher qui sont les per­son­nages d’une telle his­toire. Tou­te­fois, elle finit par décla­rer qui elle est. Mais ce frère noc­turne  aussi. Elle l’aime trop. La folie n’est pas pas­sa­gère, mais la sur­vie arrive.

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jean-paul gavard-perret

Abi­gail Assor, La nuit de David, Gal­li­mard, col­lec­tion Blanche, août 2024, 186 p. — 19,50 €.

1 Comment

Filed under Romans

One Response to Abigail Assor, La nuit de David (rentrée littéraire 2024)

  1. Villeneuve

    Abi­gail , belle et intel­li­gente , déve­loppe la NUIT de David comme un boléro de Ravel . Réité­ra­tions , appro­fon­dis­se­ments , ima­gi­na­tion dans la schi­zo­phré­nie de David . Gal­li­mard a vu juste après ” Vies minus­cules ” de Pierre Michon JPGP aussi .

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