Avant la terreur (Vincent Macaigne / Shakespeare)

Lumi­nes­cence du chaos

Quelques paroles débi­tées sur un ton d’imprécation, à un rythme rapide et continu, des fumi­gènes, une musique indis­tincte ins­tallent une ambiance de bor­del dès l’arrivée du public. Un pro­logue intel­lec­tua­lise le pro­pos et affirme son indé­pen­dance à l’égard de la tra­di­tion. Les lois de suc­ces­sion sont for­ma­li­sées et pro­fé­rées de façon iro­nique.
On sent que quelque chose s’accélère et le spec­tacle prend son envol quand les spec­ta­teurs sont invi­tés à venir dan­ser sur scène, à l’occasion d’une fête en l’honneur de la reine, qui exhorte en vitu­pé­rant ses enfants à la concorde. Dans la fumée, les comé­diens éructent parmi un peu de foule sau­tillant et patau­geant dans la boue. L’ambiance est élec­tri­sée par les néons qui éclairent d’une lumière nue une flaque de terre détrem­pée. Le décor est dépouillé ; dif­fé­rents espaces peuvent être sépa­rés par des rideaux de plas­tique d’une opa­cité trans­lu­cide. Ici, la clarté n’illumine que le chaos.


T
out cela est joyeux et fou­traque. Des dia­logues vifs, hauts en cou­leur, disent à tra­vers les san­glantes riva­li­tés fami­liales notre nature ago­nis­tique. C’est un res­sen­ti­ment pro­fond qui anime le reje­ton rejeté qui exprime ses impré­ca­tions sur fond d’images d’accidents dif­fu­sées en accé­léré. Vincent Macaigne essaie de recons­ti­tuer les res­sorts de la haine, pour pré­sen­ter comme une généa­lo­gie de la vio­lence.
Le spec­tacle est vif et dyna­mique, effi­cace, excep­tion­nel, au risque de s’éloigner du texte. C’est qu’il s’agit de mon­trer le pou­voir dans l’exercice de ses puis­sances insoup­çon­nées. Ce fai­sant, la mise en scène se déploie dans l’interrogation des limites plu­tôt que dans l’analyse des struc­tures de l’autorité. Alors la force ne se fonde que sur elle-même ; elle n’a d’autre logique que l’emballement.

On assiste donc à une épi­pha­nie de l’urgence, à une efflo­res­cence de la domi­na­tion. Mais il fau­dra accep­ter l’irrésolution du conflit, c’est-à-dire son inexo­rable per­pé­tua­tion. Il n’y a que les vic­toires qui sont simples. La sou­ve­rai­neté, elle, est périlleuse et sans doute destructrice.

chris­tophe giolito

 

Avant la terreur

d e  V i n c e n t  M a c a i g n e 

d’après Richard III de Shakespeare 

avec Sha­rif Andoura, Max Bais­sette de Mal­glaive, Can­dice Bou­chet, Thi­bault Lacroix, Clara Lama Schmit, Pau­line Lorillard, Pas­cal Réné­ric, Sofia Teillet et des enfants en alter­nance: Camille Amé­tis, Clé­men­tine Boucher-Cornu et Mia Hercun.

Ecri­ture, mise en scène, concep­tion visuelle et scé­no­gra­phique Vincent Macaigne ; très libre­ment ins­piré de Richard III de William Sha­kes­peare ; assis­ta­nat à la mise en scène Clara Lama Schmit ; lumières Kelig Le Bars assis­tée de Edith Bis­caro ; acces­soires et régie géné­rale adjointe Lucie Bas­clet ; vidéo Noé Mercklé-Detrez, Typhaine Stei­ner ; son Syl­vain Jacques, Loïc Le Roux ; cos­tumes Camille Aït Allouache ; régie géné­rale Fran­çois Aubry dit “Mous­tache”, Sébas­tien Mathé ; col­la­bo­ra­tion scé­no­gra­phique Carlo Big­giog­gero, Sébas­tien Mathé ; régie lumière Edith Bis­caro ; régie acces­soires Manuia Fau­con ; régie pla­teau Tan­guy Loues­don ; régie vidéo Laurent Rada­no­vic, Sté­phane Rima­saus­kas ; régie son Jona­than Cesa­roni, Vincent Hur­sin, Loïc Le Roux, Bap­tiste Tar­let ; admi­nis­tra­tion de pro­duc­tion Flo­rian Cam­pos et Lucila Pif­fer ; construc­tion du décor Ate­lier de la MC93 ; col­la­bo­ra­tion à la mise en scène Fran­cesco Russo ; sta­giaires à la mise en scène Noé­mie Guille, Natha­naël Ruestch­mann ; sta­giaire à la pro­duc­tion Nine Mar­tin, Luwen Solo­mon et Han­nah Starck ; sta­giaire aux acces­soires Anna Letiembre-Baës.

Tour­née :

du 5 au 15 octobre 2023 à la MC93 – Mai­son de la Culture de Seine-Saint-Denis dans le cadre du Fes­ti­val d’Automne à Paris ; du 7 au 9 novembre 2023 au TANDEM – Scène natio­nale Douai-Arras ; les 16 et 17 novembre 2023 à Bon­lieu – Scène natio­nale d’Annecy ; du 22 au 25 novembre 2023 au Théâtre natio­nal de Bre­tagne ; les 11 et 12 avril 2024 au Quartz – Scène natio­nale de Brest ;
du 19 au 21 avril 2024 au Théâtre Vidy-Lausanne, Suisse ; les 9 et 10 mai 2024 aux Théâtres de la Ville de Luxem­bourg ; du 16 au 23 mai 2024 aux Céles­tins  – Théâtre de Lyon ; les 29 et 30 mai 2024 à La Comé­die de Clermont-Ferrand — Scène nationale.

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