On sent que quelque chose s’accélère et le spectacle prend son envol quand les spectateurs sont invités à venir danser sur scène, à l’occasion d’une fête en l’honneur de la reine, qui exhorte en vitupérant ses enfants à la concorde. Dans la fumée, les comédiens éructent parmi un peu de foule sautillant et pataugeant dans la boue. L’ambiance est électrisée par les néons qui éclairent d’une lumière nue une flaque de terre détrempée. Le décor est dépouillé ; différents espaces peuvent être séparés par des rideaux de plastique d’une opacité translucide. Ici, la clarté n’illumine que le chaos.
Tout cela est joyeux et foutraque. Des dialogues vifs, hauts en couleur, disent à travers les sanglantes rivalités familiales notre nature agonistique. C’est un ressentiment profond qui anime le rejeton rejeté qui exprime ses imprécations sur fond d’images d’accidents diffusées en accéléré. Vincent Macaigne essaie de reconstituer les ressorts de la haine, pour présenter comme une généalogie de la violence.
Le spectacle est vif et dynamique, efficace, exceptionnel, au risque de s’éloigner du texte. C’est qu’il s’agit de montrer le pouvoir dans l’exercice de ses puissances insoupçonnées. Ce faisant, la mise en scène se déploie dans l’interrogation des limites plutôt que dans l’analyse des structures de l’autorité. Alors la force ne se fonde que sur elle-même ; elle n’a d’autre logique que l’emballement.
On assiste donc à une épiphanie de l’urgence, à une efflorescence de la domination. Mais il faudra accepter l’irrésolution du conflit, c’est-à-dire son inexorable perpétuation. Il n’y a que les victoires qui sont simples. La souveraineté, elle, est périlleuse et sans doute destructrice.
christophe giolito
Avant la terreur
d e V i n c e n t M a c a i g n e
d’après Richard III de Shakespeare
avec Sharif Andoura, Max Baissette de Malglaive, Candice Bouchet, Thibault Lacroix, Clara Lama Schmit, Pauline Lorillard, Pascal Rénéric, Sofia Teillet et des enfants en alternance: Camille Amétis, Clémentine Boucher-Cornu et Mia Hercun.
Ecriture, mise en scène, conception visuelle et scénographique Vincent Macaigne ; très librement inspiré de Richard III de William Shakespeare ; assistanat à la mise en scène Clara Lama Schmit ; lumières Kelig Le Bars assistée de Edith Biscaro ; accessoires et régie générale adjointe Lucie Basclet ; vidéo Noé Mercklé-Detrez, Typhaine Steiner ; son Sylvain Jacques, Loïc Le Roux ; costumes Camille Aït Allouache ; régie générale François Aubry dit “Moustache”, Sébastien Mathé ; collaboration scénographique Carlo Biggioggero, Sébastien Mathé ; régie lumière Edith Biscaro ; régie accessoires Manuia Faucon ; régie plateau Tanguy Louesdon ; régie vidéo Laurent Radanovic, Stéphane Rimasauskas ; régie son Jonathan Cesaroni, Vincent Hursin, Loïc Le Roux, Baptiste Tarlet ; administration de production Florian Campos et Lucila Piffer ; construction du décor Atelier de la MC93 ; collaboration à la mise en scène Francesco Russo ; stagiaires à la mise en scène Noémie Guille, Nathanaël Ruestchmann ; stagiaire à la production Nine Martin, Luwen Solomon et Hannah Starck ; stagiaire aux accessoires Anna Letiembre-Baës.
Production MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Compagnie Friche 22.66 coproduction La Colline – théâtre national, Théâtre national de Bretagne, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, TANDEM – Scène nationale Douai-Arras, Bonlieu – Scène nationale d’Annecy, Festival d’Automne à Paris, Les Célestins – Théâtre de Lyon, Le Quartz – Scène nationale de Brest, Domaine d’O Montpellier – Cité européenne du théâtre, Théâtre de Liège, avec le financement de la région Île-de-France.
Tournée :
du 5 au 15 octobre 2023 à la MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis dans le cadre du Festival d’Automne à Paris ; du 7 au 9 novembre 2023 au TANDEM – Scène nationale Douai-Arras ; les 16 et 17 novembre 2023 à Bonlieu – Scène nationale d’Annecy ; du 22 au 25 novembre 2023 au Théâtre national de Bretagne ; les 11 et 12 avril 2024 au Quartz – Scène nationale de Brest ;
du 19 au 21 avril 2024 au Théâtre Vidy-Lausanne, Suisse ; les 9 et 10 mai 2024 aux Théâtres de la Ville de Luxembourg ; du 16 au 23 mai 2024 aux Célestins – Théâtre de Lyon ; les 29 et 30 mai 2024 à La Comédie de Clermont-Ferrand — Scène nationale.