Impertinence exhibitionniste de la sculpture
Né à Bari en 1935, Pino Pascali s’installa à Rome en 1955 pour étudier la scénographie à l’Académie des Beaux-Arts. Il travailla comme assistant scénographe dans diverses productions télévisées et collabora en tant que scénographe pour le cinéma et pour des agences de publicité. En 1965, il a organisé sa première exposition personnelle à Rome. En 1968, il meurt tragiquement dans un accident de moto à l’âge de trente-deux ans l’année de sa présentation monographique à la Biennale d’art de Venise.
La Fondazione Prada présente en cette rétrospective le caractère novateur de Pino Pascali. Au cours des cinquantes dernières années, il a gardé un impact fondamental sur plusieurs générations d’artistes et théoriciens. L’exposition est divisée en quatre sections. La première analyse la démarche de Pascali en créant des environnements originaux. La deuxième partie explore ses interventions les plus significatives dans les expositions collectives importantes. La troisième section examine l’interaction du créateur avec ses sculptures dans les photographies prises par Claudio Abate, Andrea Taverna et Ugo Mulas. La quatrième section examine l’utilisation de matériaux naturels et industriels, en étudiant leur provenance ou utilisation dans le domaine commercial (d’autres artistes ont usé de leur développement au fil du temps).
Pascali a exploré la relation entre la sculpture et les objets du quotidien. Il a créé des sortes de ready-mades réalisés avec des matériaux recyclés mais pour réfléchir au potentiel d’une sculpture dite « fausse » ou « simulée » faisant un clin d’œil au public au sein de volumes presque vides. Il a utilisé des éléments naturels tels que la terre et l’eau ainsi que des matériaux de construction. Il a apporté de nouveaux produits de consommation et des tissus synthétiques au studio pour créer des animaux, des pièges et des ponts.
L’artiste demeure (im)pertinent voire « exhibitionniste » afin de consacrer son énergie autant à l’activité d’exposition qu’à la finition des œuvres en atelier.
jean-paul gavard-perret
Pino Pascali, Rétrospective, Fondazione Prada, Milan, 28 mars au 23 septembre 2024.