C’est sur l’île écossaise de Clachan Geal, perdue à la limite de l’Atlantique, que Jennifer Dunne veut enterrer sa vie de jeune fille… pour la seconde fois. Son premier mari, Jason, disparu depuis sept ans, a été officiellement déclaré mort depuis trois ans.
Elle va épouser Zaki. Pour ce grand week-end, elle réunit des femmes de son âge, autour de la quarantaine, avec qui elle a tressé des liens anciens ou relativement récents. Pour être plus proches les unes des autres, elle a donc choisi un site isolé où les moyens de communication sont très réduits. C’est ainsi qu’elle rassemble six femmes. Helena est une amie d’enfance, comme Michelle. Si la première est professeure de musique, la seconde fait une belle carrière dans la chanson. Samira, sa future belle-sœur est plus jeune. Beattie, la sœur aînée de Jason, est présente comme Kennedy, leur professeur de tennis, et Nicolette qui travaille dans le design.
La propriétaire des lieux, Lauren Combe, reste sur place en disant se faire discrète dans un petit domaine à l’écart. Mais toutes cultivent de graves contentieux, les unes vis-à-vis d’autres. Alors…
Le romancier part du principe que tout le monde a un secret, quelque chose qu’il regrette, quelque chose dont il craint la découverte pour différentes raisons. Il met ses personnages dans la situation où ils sont obligés d’affronter leur culpabilité. Il installe son récit dans une luxueuse propriété propice à un huis clos et instaure une tension dès la première ligne : “Elles étaient sur l’île depuis moins de cinq heures et déjà tout partait en vrille.“
Le ton est donné. Si une première partie permet de faire connaissance avec chacune d’elle, leur activité personnelle et professionnelle, leur passé, leurs rencontres, le tout est émaillé d’indications qui portent au soupçon. Et Chris Brookmyre enchaîne rebondissements rapides et révélations. Les actions dissimulées, cachées émergent, les sentiments s’exacerbent. Des alliances se nouent, des liens d’amitié se rompent, chacune cherchant à cacher des vérités peu reluisantes.
Chaque chapitre s’ouvre avec le prénom d’une protagoniste qui se met en scène, relate ce qu’elle voit, donne son point de vue, élabore des hypothèses, détaille des situations. Au fil des pages, c’est toute une toile complexe qui émerge jusqu’à un final d’une grande force.
Avec ce thriller psychologique, Chris Brookmyre offre un grand moment de lecture avec une belle étude sur la psychologie humaine.
serge perraud
Chris Brookmyre, La Maison sur la falaise (The Cliff House), traduit de l’anglais (Écosse) par Céline Schwaller, Métailié, “Bibliothèque écossaise — Noir”, mai 2024, 384 p. — 22,50 €.