Né camus

(Qu’est-ce qu’écrire ? — suite)

Qu’importe notre passé, ayons pour vertu de libé­rer nos voix. Les mots y affleurent comme ces bulles d’air à la sur­face de l’eau -  fût-elle sau­mâtre. Bref, ils témoignent d’une vie latente où des cadavres bougent encore un peu : à la Delon, che­mise nickel sor­tie du pres­sing et dont, par la pochette, peut s’extraire un mys­té­rieux outil à por­ter à la bouche et dont l’activité ne peut com­prendre le sens sinon de se curer tout bête­ment les dents à l’aide d’une épine.

Nos mots en consé­quence sont iden­tiques quand nous deve­nons lou­fiats et cau­seurs. Nos vocables se targuent de deve­nir chef en l’absence de colo­nel dans un ramas­sis de casse-berles. Nous nous recon­ver­tis­sons ainsi en sol­dats modèles, inadap­tés tra­pus, escrocs repen­tis ou plu­tôt dési­reux de res­ter tout petits.

jean-paul gavard-perret

Photo : Joel Meyerhovitz

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