Bruce Benamran, Yzzy a disparu

L’uni­vers des Instagrameuses…

Le 14 mai der­nier, Yzzy, l’influenceuse aux 28 mil­lions d’abonnés, l’idole des enfants, a dis­paru du Fair­mont Copley Plaza de Bos­ton où elle occu­pait une luxueuse suite. Per­sonne ne l’a vue quit­ter cet appar­te­ment. Cela fait une semaine qu’Internet bouillonne, posant tou­jours la même ques­tion : Ou est Yzzy ? Alors que son visage est connu par des mil­lions de per­sonnes de par le monde, elle s’est lit­té­ra­le­ment vola­ti­li­sée.
Steve O’Maley, ins­pec­teur au Bos­ton Police Depart­ment, hérite de l’affaire. Les soup­çons pèsent sur Tom Gold­berg, l’agent d’Yzzy, la der­nière per­sonne à l’avoir vue en vie. Mais, dans cet uni­vers si particulier…

Le choix de pla­cer une intrigue dans l’univers des ins­ta­gra­meuses, des ins­ta­gra­meurs donne l’occasion pour le roman­cier, qui connaît par­fai­te­ment les arcanes de ce monde, de lever une par­tie du voile. Sa des­crip­tion de ces réseaux sociaux est riche en ren­sei­gne­ments. Il les décrit avec équité, en montre tous les aspects, leur inté­rêt cer­tain, mais aussi les dérives inévi­tables et les excès.
Pour mieux explo­rer ce monde, il retient un enquê­teur, un poli­cier qui arrive dans ces domaines sans en connaître les codes, jouant ainsi un rôle d’ingénu. C’est avec lui que le lec­teur avance, décou­vrant ce qu’il aborde. Le fait d’être novice dans ces tech­niques est à la fois une fai­blesse, et aussi une force. On découvre des indi­vi­dus qui semblent vivre dans une société dif­fé­rente où la culture et les rap­ports ne sont pas ceux cou­ram­ment côtoyés. Le héros tra­vaille comme un enquê­teur clas­sique, inter­ve­nant dans ce monde vir­tuel avec des méthodes du réel.

Le récit se situe prin­ci­pa­le­ment à Bos­ton, aux USA, un cadre qui cor­res­pond mieux au sujet. En effet, des influen­ceuses qui comptent des mil­lions d’abonnés sont assez rares en Europe. Mais, en pla­çant son récit dans ce décor, l’auteur peut faire inter­ve­nir des élé­ments étran­gers à l’enquête, qui inter­fèrent néan­moins — comme le fait que le pro­cu­reur soit en cam­pagne élec­to­rale pour conser­ver son, poste. De plus, Bos­ton est une ville qui se rap­proche, par sa nature, des cités euro­péennes.
C’est aussi la pos­si­bi­lité, pour le roman­cier, à tra­vers les divers rebon­dis­se­ments qui émaillent le roman, de s’interroger sur l’identité numé­rique, sur son évo­lu­tion avec les nou­velles tech­no­lo­gies, avec les nou­velles approches des réseaux sociaux. C’est ainsi qu’il fait inter­ve­nir dans le cours de son récit un socio­logue fic­tif mais dont les tra­vaux expo­sés sont, cepen­dant, ins­pi­rés de ceux d’authentiques cher­cheurs qui tra­vaillent sur le modèle présocial.

Un roman sédui­sant pour l’enquête, pour l’intrigue assez ver­ti­gi­neuse, pour la décou­verte de l’envers du décor d’un uni­vers de plus en plus pré­sent dans le quo­ti­dien, pour le choix du thème social traité.

lire un extrait

serge per­raud

Bruce Benam­ran, Yzzy a dis­paru, XO Édi­tions, coll. “Thril­ler”, février 2024, 440 p. — 21,90 €.

Leave a Comment

Filed under Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>