La Détresse des Roses repose sur des faits réels. Ce monstre de Mons qui a abusé, tué et découpé les corps de cinq femmes dans les années 1996–97 n’a pas, à ce jour, été démasqué. Le romancier introduit quelques éléments qui peuvent faire penser aussi à un horrible couple dont le jugement de la partie féminine a eu lieu il y a quelques temps en France.
Jack Jakoli ne voulait pas être amené à évoquer des détails non rendus publics, mais surtout ne pas rajouter à la peine des victimes collatérales. En effet, comme il le précise en introduction, nombre de personnes subissent de plein fouet la détresse consécutive à ces événements, des mères, des frères, des enfants… C’est la raison pour laquelle il installe son récit dans un lieu imaginaire. Vous ne trouverez pas de Montiry en Belgique. Cependant, il mêle avec une stupéfiante adresse fiction et réalité.
Au siège de la police judiciaire fédérale de Montiry, Danny Cox, nouvellement affecté, se voit confier un dossier sur lequel faire ses preuves. Il a essuyé, de la part du commissaire, des remarques sur le fait qu’il écrive des romans. Devant sa mise défaite, son collègue lui suggère d’écrire sur le Boucher. Il peut lui donner des informations ayant travaillé sur cette affaire.
Le récit débute le 6 janvier 1996 à Montiry, en Belgique, quand un homme est enivré par la chair qu’il découpe.
Ce sont deux nouvelles recrues de la gendarmerie qui, après avoir réglé un problème de couple, sont confrontés à un bassin de femme découvert par un joggeur sur cette commune du nord de la France. L’enquête piétine.
Mélanie Penning est de garde quand un policier belge téléphone pour annoncer qu’un torse de femme a été repêché. Arrivée sur place, Mélanie panique pensant qu’il s’agit de sa sœur cadette. Après avoir arrêté un tueur de nourrisson, elle va devoir traquer un monstre qui sème des morceaux de femmes dans la nature…
Pour faire vivre ce récit, l’auteur place quelques personnages principaux dont Mélanie Penning et le tueur qu’il fait évoluer dans son monstrueux parcours. Tous portent des blessures, des fractures qu’ils tentent de masquer mais qui resurgissent quand le cadre y est propice. Mélanie a rompu il y a un an et, sa mutation acceptée, s’est trouvée dans une brigade masculine. Jack Jakoli montre à cette occasion la condition féminine en butte aux railleries. À plusieurs reprises, il évoque les grandes difficultés des femmes dans un tel milieu. Elles sont l’objet d’allusions salaces, elles ne valent pas un mec… Il va plus loin, énumérant les vexations subies.
Il livre un portrait peu flatteur des Belges en faisant parler un Français. Il évoque quelques titres d’œuvres marquantes comme les films Seven, C’est arrivé près de chez vous avec un fantastique Benoît Poelvoorde, un tableau de John Everett Millais…
Avec des portraits psychologiques fouillés, une suite d’événements de plus en plus sombres, haïssables, jusqu’à un dénouement improbable, Jack Jakoli signe un thriller d’une grande force.
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serge perraud
Jack Jakoli, La Détresse des Roses, J’Ai Lu n° 14 018, coll. “Policier”, février 2024, 480 p. — 8,80 €.